C’est un zouave!
Qui n’a pas déjà entendu l’expression « C’est un zouave! », ou encore « Arrête de faire le zouave! »? Mais qu’est-ce que cela veut dire?
Le mot « zouave » a été emprunté au XVIIe siècle. Sa racine se trouve à être « zwawa », le nom d’une tribu kabyle dans laquelle on recrutait des soldats. C’est en 1831 qu’on adopte ce terme afin de désigner les soldats algériens d’un corps d’infanterie indigène, puis les soldats français de ce même corps.
Le zouave avait pour réputation d’être courageux. À l’époque, « faire le zouave » signifiait « faire le fanfaron ». De nos jours, cela signifie plutôt « faire le pitre ». Mais saviez-vous qu’ici même, à Sorel, il y a déjà eu des zouaves? Leur bureau se trouvait au 47, rue Prince, environ là où se trouve dorénavant la boutique Laramée & fils.
C’était en fait un regroupement d’hommes qui formait un régiment de zouaves pontificaux canadiens. En d’autres mots, ces zouaves constituaient une unité de l’armée pontificale qui obéissait à des considérations de la politique canadienne et à la situation italienne liée aux guerres d’unification par Garibaldi (le Pape s’opposa pendant 16 siècles à l’unification des italiens en contrôlant une partie du territoire de l’Italie).
L’Association des zouaves du Québec fut créée en 1899. Ses membres défendaient les valeurs religieuses de l’époque et portaient fièrement l’uniforme. D’ailleurs, la discipline était le mot d’ordre. Voici une lettre nous permettant de bien saisir l’esprit de ce régiment :
« Officiers, sous-officiers et zouaves,
Nous nous verrons tous, je l’espère, au camp.
J’éprouverai un sensible plaisir si chacun d’entre vous est préoccupé, durant tout le temps qu’il y passera, et même jusqu’à ce que, de retour chez lui il pourra enlever l’uniforme, de la discipline et de la tenue.
Je suis plus fier que jamais du Régiment, et pour cela plus soucieux que jamais de voir chacun de ses membres lui faire honneur.
Le primat de l’Église canadienne, Son Éminence le cardinal Villeneuve, notre patron, viendra nous voir au camp, et peut-être aussi le lieutenant-gouverneur de la province. En faut-il plus pour que chaque chef de bataillon, chaque capitaine de compagnie, chaque chef d’escouade soit préoccupé de voir son unité digne de figurer avec l’ensemble?
Multiplions donc les exercices d’ici le vingt juillet; ne craignons pas de repasser les éléments, l’alphabet de la vie militaire, de faire répéter aussi souvent qu’il faudra certains mouvements de base, afin qu’ils approchant autant que possible de la perfection.
Vous serez regardés, d’abord par beaucoup d’anciens qui seront là, aussi par votre colonel, ne l’oubliez point. […]
F.-C.-J. Dorion,
Colonel Z. P. C. »
Les activités des zouaves se concentraient essentiellement en un service des gardes et des défilés. Jusqu’à 500 volontaires canadiens se sont enrôlés dans le bataillon des zouaves pontificaux canadiens. Jadis très répandus au Québec, ils ont presque entièrement disparu aujourd'hui. Les Zouaves de Valleyfield sont les derniers encore existant dans la province.
Gageons que vous n’utiliserez plus le mot « zouave » de la même façon!
Mylène Bélanger, archiviste en chef, Société historique Pierre-de-Saurel, www.shps.qc.ca
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