L’Ancien et le Nouveau Monde se rencontrent dans les Cent-Îles - partie I
Étant donné la présence d’un patrimoine industriel assez imposant à l’embouchure du Richelieu, il est assez difficile de se rappeler à quel point la nature régnait ici avant l’arrivée des Européens.
En fait, pour celui qui en prend la peine, il peut possiblement en avoir une légère impression en faisant une excursion dans les Cent-Îles. Encore là, tout dépend de la façon qu’il s’y prend, de l’achalandage de la navigation à ce moment et de plusieurs autres facteurs…
Et pourtant, c’est dans ce règne de la nature que cinq Iroquoiens du Saint-Laurent se prêtent à la chasse dans les Cent-Îles le 28 septembre 1535. Étaient-ils du village iroquoien qui a été découvert du côté du secteur Tracy, près du chemin Saint-Roch? Rien n’est moins sûr, ce que l’on appelle aujourd’hui le site Mandeville ayant probablement été abandonné quelques années auparavant.
On peut bien s’imaginer la surprise de ces chasseurs, lorsqu’ils ont vu surgir de l’un des chenaux une barque remplie de quelques hommes au teint plutôt pâle : la première rencontre entre des autochtones et des Européens dans la région est alors sur le point de se produire. La petite troupe à l’intérieur de l’embarcation n’est composée de nul autre que de Jacques Cartier et de quelques-uns de ses compagnons.
Pourtant, les Iroquoiens semblent n’être aucunement surpris de voir arriver ces étrangers, si l’on se fie au récit que Cartier fait de cette rencontre. C’était peut-être le premier passage – connu – d’Européens dans la région, mais les opportunités commerciales que ces derniers représentaient n’étaient possiblement déjà plus un mystère dans la vallée du Saint-Laurent.
À la recherche d’une route qui le mènerait vers l’Orient, Cartier avait quitté Stadaconé (Québec), où se trouve son campement, le 19 septembre dans le but de rejoindre un autre village iroquoien : Hochelaga (Montréal). Neuf jours plus tard, le capitaine français et son équipage arrivent à l’entrée du lac Saint-Pierre. Cartier est alors quelque peu perplexe devant le dédale insulaire qui se trouve devant lui, ne trouvant pas de passage adéquat, il décide de laisser son navire sur place pour continuer le reste de son périple en barque. Faisant ce que l’on appellerait aujourd’hui, un tour des îles, l’explorateur décide d’aller vers l’une d’elles pour rencontrer les cinq chasseurs iroquoiens.
Dans son récit de voyage, Cartier décrit la cordialité avec laquelle ces derniers approchent son groupe. Mais le Malouin d’origine, contrairement Samuel de Champlain plus tard, se montre peu bavard à propos des richesses naturelles qui l’entourent, si ce n’est que par le rat musqué, une découverte culinaire qu’il apprécie beaucoup.
La suite la semaine prochaine.
Mathieu Pontbriand, Société historique Pierre-de-Saurel, www.shps.qc.ca
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.