L'Ancien et le Nouveau Monde se rencontrent dans les Cent-Îles - Partie II
Le geste que pose les autochtones en portant les Français sur leur dos constitue, selon l’historienne Olive P. Dickason, un cérémonial de référence courant à travers l’Amérique, un geste qui a parfois été mal interprété, les Européens le jugeant comme une confirmation de la part des Amérindiens de leur supériorité... Jacques Cartier ne laisse toutefois rien paraître de ses impressions à cette occasion.
De retour à Stadaconé, après avoir complété son voyage, les habitants du lieu lui dévoilent l’existence d’un cours d’eau situé tout près du lieu où il a vu les chasseurs autochtones : « Il y a une rivière, qui va vers le sud-ouest, sur laquelle pareillement il faut une lune pour aller avec leurs barques depuis Sainte-Croix [son camp] jusqu’à une terre où il n’y a jamais de glaces ni de neiges; mais que dans cette terre il y a des guerres continuelles, les uns contre les autres, et qu’il y a des oranges, amandes, noix, prunes et autres sortes de fruits, et en grande abondance [p. 225] ».
On peut supposer à juste titre qu’il s’agit de la rivière Richelieu et que Cartier n’a possiblement pas vu son embouchure lors de son bref passage. Peu importe, lorsqu’il retourne à Hochelaga en 1541, il ne lui porte aucune attention, obsédé qu’il est par sa quête de richesses orientales…
Les voyages de Jacques Cartier ayant peu de résultats concrets, le Canada ne conserve un certain attrait aux yeux des Européens que grâce à la côte du Labrador et Terre-Neuve. Ils sont nombreux à y exercer la chasse à la baleine et la pêche.
La traite des fourrures à Tadoussac, qui se fait en parallèle à ces activités, devient toutefois assez profitable pour inciter des commerçants à revenir dans la vallée du Saint-Laurent. Quelques navires y sont envoyés à partir de la décennie 1580 et certains commerçants utilisent même les Cent-Îles comme lieu de négoce.
C’est le trafic des fourrures qui les amène à fréquenter réellement les abords du Richelieu et des Cent-Îles. Le plus notable d’entre eux est certainement Samuel de Champlain. Sa présence répétée dans la région montre bien l’importance de celle-ci dans le commerce des pelleteries et le caractère militaire qui marquera la région pour les deux prochains siècles.
Malgré ce premier contact dérangeant à peine le calme qui régnait dans la région en 1535, ce n’est qu’au début du XVIIe siècle que la pénétration européenne débute réellement.
Mathieu Pontbriand, Société historique Pierre-de-Saurel, www.shps.qc.ca
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