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Cancer du sein: la cryoablation est offerte en première québécoise au CHUM

durée 10h20
16 avril 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

2 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Certaines patientes atteintes d'un cancer du sein ont maintenant l'option d'être soignées par cryoablation, grâce à une nouvelle technique que le Centre hospitalier de l'Université de Montréal est le premier au Québec à offrir.

La cryoablation consiste littéralement à «geler» la tumeur cancéreuse à l'aide d'une aiguille ultrafine. L'intervention, qui est pratiquée sous anesthésie locale, ne laisse pratiquement aucune cicatrice et la patiente reçoit habituellement son congé la journée même.

«Au cours des dernières années, on a vraiment évolué vers des traitements qui sont plus personnalisés et plus adaptés à chaque patiente, avec une désescalade de la thérapie», a dit le docteur Matthew Seidler, qui est chef de section en imagerie du sein au département de radiologie du CHUM.

«On sait que certaines patientes avec des petites tumeurs peuvent potentiellement bénéficier d'une approche qui est moins agressive, avec un traitement local. La cryoablation du cancer du sein, c'est vraiment une alternative à l'approche chirurgicale et c'est une technique qui est très prometteuse.»

L'ablation chirurgicale de la tumeur demeure fréquemment la meilleure option face à un cancer du sein. Mais pour les patientes pour qui cela n'est pas possible – par exemple, parce qu'elles présentent d'autres problèmes de santé ou subissent d'autres traitements – la cryoablation offre maintenant une nouvelle avenue thérapeutique.

La technique est relativement récente, mais les données dont on dispose pour le moment sont à tout le moins intrigantes.

Ainsi, lors d'une étude regroupant soixante patientes, seulement 10 % des participantes avaient été victimes d'une rechute seize mois après le traitement. Lors d'une autre étude, qui celle-là impliquait 194 patientes, seulement quatre ― soit 2,1 % ― avaient subi une rechute après trois ans.

«On sait que la congélation rapide à -40 degrés Celsius, puis les cycles de décongélation, entraînent une espèce de cascade de mort cellulaire qui est très efficace», a expliqué le docteur Seidler. 

Non seulement le froid provoque-t-il la mort des cellules cancéreuses, a-t-il précisé, mais il entraîne aussi l'expression d'antigènes tumoraux qui sont ensuite reconnus par le corps humain, «et cela provoque une réponse inflammatoire par notre propre système immunitaire. Alors ça, c'est un autre mécanisme», a dit le docteur Seidler.

La cryoablation fonctionne le mieux pour les petites tumeurs qui font moins de 1,5 centimètre, a-t-il ajouté, ainsi qu'avec les tumeurs qui expriment des récepteurs hormonaux ou qui sont de plus bas grade.

Mais la cryoablation, souligne le docteur Seidler, n'a pas que des avantages. Par exemple, lors d'une ablation chirurgicale, les tissus retirés peuvent être analysés en profondeur par le service de pathologie, ce qui permet de caractériser soigneusement la maladie. Cela n'est évidemment pas possible lors d'une cryoablation.

Pour le moment, a dit le spécialiste, la technique «est très bien reçue par les patientes».

«(Elles) repartent quelques heures après l'intervention, a rappelé le docteur Seidler. Il n'y a pratiquement pas de douleur, avec l'anesthésie locale et avec le froid aussi qui aide avec l'anesthésie. Il faut choisir les bonnes patientes, mais c'est toujours bon d'avoir différentes options dont on peut discuter avec elles.»

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne