La CAQ refuse la proposition de Québec solidaire
Legault défend son plan pour répondre aux événements météorologiques extrêmes
Par La Presse Canadienne
Le premier ministre François Legault a refusé mardi de s'engager à créer un fonds spécial dédié à répondre aux événements météorologiques extrêmes, comme le réclame Québec solidaire, puisqu'il estime que le gouvernement du Québec offre déjà beaucoup d'aide aux municipalités et aux entreprises touchées par ces phénomènes grâce à son Plan pour une économie verte 2030.
Mardi après-midi à l'Assemblée nationale, M. Legault a fait l'éloge de son Plan pour une économie verte (PEV), qui prévoit des investissements de 9 milliards $ sur cinq ans pour atténuer les effets de l'économie québécoise sur les changements climatiques, mais aussi pour adapter celle-ci aux nouvelles réalités météorologiques.
Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) répondait ainsi à plusieurs questions du chef parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, au Salon bleu, qui souhaitait savoir pourquoi le Québec ne dispose pas d'un fonds spécial prévu uniquement pour répondre aux situations d'urgence, comme les crises de verglas, les tempêtes et les inondations.
«Le climat change. La météo extrême, des printemps de verglas et d'inondations, on va en avoir de plus en plus et ça va nous coûter collectivement très, très, très cher», a rappelé M. Nadeau-Dubois.
Lors de la dernière campagne électorale, QS avait proposé de mettre en place un Fonds d'urgence climatique qui permettrait de répondre rapidement aux demandes d'aide lors de situations d'urgence, tout en renforçant les infrastructures québécoises pour qu'elles soient davantage en mesure de résister à des conditions extrêmes.
La députée solidaire de Verdun, Alejandra Zaga Mendez, a d'ailleurs fait une sortie publique à ce sujet dimanche, un peu plus d'une semaine après l'importante tempête de verglas qui a plongé des centaines de milliers de Québécois dans le noir, dont certains pour plusieurs jours, au début du mois.
Selon elle, «ce n’est pas normal qu’en 2023, le Québec ne se soit pas encore doté d’un fonds d’urgence spécifiquement dédié aux catastrophes climatiques», qui servirait entre autres à venir en aide aux municipalités, aux organismes communautaires et aux petites entreprises qui subissent des pertes lors de telles catastrophes.
En campagne électorale, l'année dernière, Québec solidaire avait proposé de placer 500 millions $ par année dans un tel fonds, pour ensuite le bonifier dépendamment de son utilisation.
M. Legault, cependant, croit que le PEV du gouvernement remplit déjà plusieurs objectifs contenus dans la proposition de QS.
«Je pense qu'on dit la même chose, a-t-il souligné. Quand je parle de l'érosion des berges, ce n'est pas de la lutte contre les changements climatiques, ce n'est pas pour réduire les GES, c'est de l'adaptation. Dans le PEV, il y a des mesures qui peuvent être demandées par des municipalités, par des entreprises, par des organismes de toutes sortes, pour, entre autres, l'adaptation aux changements climatiques.»
«Donc, dans le PEV, 9 milliards $, c'est beaucoup d'argent, a-t-il rappelé. C'est beaucoup plus qu'à peu près n'importe quelle autre juridiction en Amérique du Nord.»
L'exemple de la Colombie-Britannique
En entrevue dimanche avec La Presse Canadienne, Mme Zaga Mendez, qui détient un doctorat en développement durable, a estimé que le Québec devrait s'inspirer de la Colombie-Britannique, qui s'est dotée d'un fonds pour l'adaptation aux changements climatiques en 2017.
Cette province a jusqu'à présent investi 369 millions $ dans son Fonds de préparation aux situations d'urgence pour les communautés, dont 180 millions $ ont été injectés plus tôt cette année.
«On entre dans une ère dans laquelle le climat et l'environnement vont jouer un rôle très important en termes d'instabilité, a-t-elle souligné. On ne veut pas faire peur à personne, mais il faut qu'on soit prêt.»
Avec un fonds distinct, «on peut se préparer à investir dans de meilleurs aménagements pour ne pas seulement agir en catastrophe, mais réellement s'adapter aux changements climatiques», a-t-elle fait valoir.
Mardi, M. Legault a assuré que les dispositions contenues dans le PEV, qui vient d'être bonifié de 18 % dans le dernier budget, répondent déjà aux demandes de QS. Il a du même souffle noté que le PEV répond aussi à une demande des municipalités, qui avaient réclamé 2 milliards $ au gouvernement pour les aider dans leur adaptation climatique lors de la dernière campagne électorale.
«S'il y a un projet qui vient d'une municipalité, qui est plus efficace qu'un projet qui vient d'une entreprise ou d'un ministère, on va prendre le projet qui vient de la municipalité. Ce que les municipalités nous disent, c'est qu'elles veulent leur propre 2 milliards $. Elles ont 9 milliards $ de disponibles», a affirmé le premier ministre.
Mathieu Paquette, La Presse Canadienne
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