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Après sa blessure, le décathlonien Damian Warner a déjà la tête aux Mondiaux de 2023

durée 16h59
4 août 2022
La Presse Canadienne, 2022
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2022

TORONTO — Damian Warner aurait aimé être au Hayward Field pour voir ses amis conclure la seconde journée du décathlon aux Championnats du monde d'athlétisme.

Toutefois, lorsqu'ils participaient à l'épreuve du 1500 mètres, l'ultime épreuve du décathlon, le Canadien était à l'intérieur d'une machine à image par résonance magnétique pour une deuxième fois lors de la journée. Par erreur, la procédure a été réalisée sur sa hanche un peu plus tôt.

La quête d'un premier titre mondial pour Warner a pris fin avec une blessure au tendon d'Achille lors de l'épreuve du 400 mètres à Eugene, en Oregon. Le champion olympique ne pouvait être consolé dans les bras de son entraîneur, Gar Leyshon.

«C'est quelque chose qui me tenait à coeur, a noté Warner, toujours émotif. D'aller aux Mondiaux — n'importe lequel — c'est gros, mais c'était un premier en Amérique du Nord pour moi.

Warner a pleuré après sa blessure surtout puisque sa compagne Jen Cotten, leur fils Theo, et ses entraîneurs Dennis Nielsen, Dave Collins et Leyshon étaient tous présents, ce qui n’arrive jamais.

Sans compter que l'Ontarien était en tête de la compétition après quatre étapes, et au sommet de sa forme physique, «où il croyait fermement être en voie de devenir champion du monde».

«Et quand c'est arrivé, c'était un peu comme "wow, c'est terminé". Quand tu perds quelque chose auquel tu tenais, c'est dur de composer avec le tout, a admis Warner. Je repense aux Jeux du Commonwealth de 2018 quand je menais et je n’avais obtenu aucun point au saut à la perche. C'est un sentiment très comparable. Tu ne peux pas venir de l'arrière. Tu ne peux pas l'obtenir à nouveau. Tu dois vivre avec le résultat.»

Près de deux semaines plus tard, l'athlète de 32 ans a complété sa première remise en forme chez lui à London, et a discuté avec La Presse Canadienne de la frustration qu'il a ressentie après sa blessure. Warner et ses entraîneurs croient fermement qu'il a été blessé puisqu'il a couru dans le premier couloir.

Il a toutefois été heureux d'apprendre que sa blessure, au premier degré, n'était pas pire.

«J'ai senti trois pas très secs», a dit Warner à propos de la blessure qui est survenue après 120 mètres de la course. «Après le premier pas, je croyais que ça pouvait partir. Puis, c'est devenu de plus en plus douloureux et je me suis dit que je ne devais pas déchirer mon tendon d'Achille pour tenter de finir la course.»

Les pistes internationales ont neuf couloirs. Puisque le premier couloir est toujours le plus utilisé — et que les virages brusques causent de moins bon temps — il est rarement employé pour le 400 m. C'est sans noter que les compétitions internationales, les meilleurs coureurs ont droit aux meilleurs couloirs.

«Je n'étais pas du tout inquiet de me blesser. J'étais inquiet de l'impact que le couloir aurait sur mon temps, a mentionné Warner. Tu ne peux jamais savoir à 100 pour cent, c'était peut-être une blessure qui était sur le bord d'arriver et qui s'est produite. Mais je crois que si j'étais dans le huitième couloir, ce ne serait pas arrivé.»

Warner est le décathlonien actif le plus rapide sur 400 mètres. La puissance et l'explosion de chacune de ses foulées lors de courbes prononcées sur son corps de six pieds sont une recette pour se faire mal.

Leyshon a dit que «c'est un paquet de petits facteurs qui se sont additionnés pour finalement créer un cocktail explosif».

De plus, il n'y a pas eu d'échauffement sur l'entièreté de la piste ovale — seulement dans les lignes droites — donc Warner n'a pu se réchauffer à prendre les virages.

«Je comprends sa tristesse, quand tu compétitionnes si peu souvent, et que ce sont ses sixièmes Mondiaux et il n'a toujours pas gagné», a ajouté l'entraîneur.

Et ne pas être en mesure de revenir à la piste lors du premier jour a été difficile.

«C'est dur pour lui puisqu'il n'a pas été en mesure de boucler la boucle, a fait remarquer Leyshon. Il n'a pas eu la chance de retourner et de voir tout le monde, il n'a pas été possible pour lui d'encourager Pierce (LePage, le Canadien qui a décroché l'argent). Il n'a été en mesure de taper son ami dans le dos ou de dire "je suis désolé", etc. Il est juste disparu.»

Puis, si les choses n'étaient pas déjà si mal, Warner, Cotten et leur fils ont tous contracté la COVID-19 et ont dû passer les cinq jours suivants dans leur chambre d'hôtel avant de retourner à la maison.

Warner a cependant les yeux rivés sur les trois prochaines années. Il ne prendra pas part aux Championnats mondiaux en salle. Et puisque la COVID-19 à repousser les Mondiaux à Eugene d'une année, il y aura des Championnats du monde d'athlétisme l'été prochain à Budapest. S'en suivront les Jeux olympiques de Paris en 2024 et peut-être les Mondiaux de 2025.

Lori Ewing, La Presse Canadienne