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Boeing s'entend avec un Canadien dont la famille a péri dans un écrasement

durée 15h03
12 juillet 2025
La Presse Canadienne, 2025
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

Boeing a conclu vendredi un accord avec un Canadien dont la femme et les trois enfants ont péri dans un accident mortel en Éthiopie en 2019, évitant ainsi le premier procès lié à un événement dévastateur ayant entraîné l'immobilisation mondiale des avions Max.

Le procès devant jury devant le tribunal fédéral de Chicago devait s'ouvrir lundi afin de déterminer les dommages-intérêts à verser au Torontois Paul Njoroge. Sa famille se rendait au Kenya en mars 2019 à bord du vol 302 d'Ethiopian Airlines lorsque celui-ci a connu une panne et s'est écrasé. L'accident a tué les 157 personnes à bord.

M. Njoroge, 41 ans, avait prévu de témoigner sur les conséquences de l'accident sur sa vie. Il n'a pas pu retourner chez lui à Toronto, car les souvenirs étaient trop douloureux. Il n'a pas réussi à trouver d'emploi. Il a également essuyé les critiques de ses proches pour ne pas avoir voyagé avec sa femme et ses enfants.

«Il souffre d'un deuil et d'une tristesse complexes, ainsi que de son propre stress émotionnel, a argué son avocat, Robert Clifford. Il est hanté par des cauchemars et la perte de sa femme et de ses enfants.»

Les termes de l'accord n'ont pas été rendus publics.

Me Clifford a affirmé que son client avait l'intention de réclamer des «millions» de dommages et intérêts au nom de sa femme et de ses enfants, mais a refusé de préciser publiquement un montant avant le procès.

«L'équipe aéronautique du cabinet Clifford a travaillé sans relâche pour préparer le procès, mais le médiateur a pu aider les parties à trouver un accord», a indiqué l'avocat dans un communiqué vendredi.

Un porte-parole de Boeing a répondu vendredi par courriel que l'entreprise n'avait aucun commentaire à faire.

La procédure ne devrait pas aborder les détails techniques concernant la version Max du modèle 737, l'appareil le plus populaire de Boeing et source de problèmes persistants pour la compagnie depuis l'écrasement en Éthiopie et celui de l'année précédente en Indonésie. Au total, 346 personnes, passagers et membres d'équipage compris, ont péri dans ces accidents.

En 2021, Boeing, dont le siège social est à Chicago, a reconnu sa responsabilité dans l'écrasement en Éthiopie, dans le cadre d'un accord avec les familles des victimes, leur permettant de porter plainte individuellement devant les tribunaux américains plutôt que devant leurs pays d'origine. Des citoyens de 35 pays ont été tués. Plusieurs familles de victimes ont déjà conclu un accord. Les termes de ces accords n'ont pas non plus été rendus publics.

L'avion de ligne à destination de Nairobi a perdu le contrôle peu après son décollage de l'aéroport international Bole d'Addis-Abeba et a piqué du nez dans une zone désertique.

Les enquêteurs ont déterminé que les accidents en Éthiopie et en Indonésie étaient dus à un système basé sur un capteur fournissant des relevés erronés et poussant l'avion vers le bas, empêchant les pilotes de reprendre le contrôle. Après cet accident, les avions Max ont été cloués au sol dans le monde entier jusqu'à ce que la compagnie repense le système.

Cette année, Boeing a conclu un accord avec le ministère américain de la Justice afin d'éviter des poursuites pénales pour les deux accidents. Parmi les victimes figuraient Carolyne, l'épouse de M. Njoroge, et ses trois jeunes enfants: Kellie et Ryan, âgés de 4 et 6 ans, et Rubi, la plus jeune victime de l'écrasement, avait 9 mois. M. Njoroge a également perdu sa belle-mère, dont le dossier fait l'objet de procédure distincte.

M. Njoroge, qui a rencontré sa femme à l'université à Nairobi, vivait au Canada au moment de l'accident. Il avait prévu de rejoindre sa famille au Kenya plus tard.

Il a témoigné devant le Congrès en 2019 qu'il avait imaginé à plusieurs reprises les souffrances de sa famille pendant le vol, qui n'a duré que six minutes. Il a imaginé sa femme luttant pour tenir leur bébé sur ses genoux, avec deux autres enfants assis à proximité.

«Je reste éveillé la nuit à penser à l'horreur qu'ils ont dû endurer, a-t-il raconté Ces six minutes resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Je n'étais pas là pour les aider. Je n'ai pas pu les sauver.»

Sophia Tareen, The Associated Press