Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Comprendre la couleur de la glace et la règle «1-10-1» pour prévenir les noyades

durée 12h28
26 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
durée

Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

Dans la foulée de la noyade d'un homme dans la quarantaine et d'un enfant survenue à Saint-Zénon, la Société de sauvetage du Québec rappelle certaines règles de sécurité à adopter lorsqu'on pratique des activités sur la glace.

Ce fut un jour de Noël sombre pour les proches des deux victimes, dont le décès a été confirmé par la Sûreté du Québec (SQ) jeudi. La veille, l'homme, accompagné de l'enfant en bas âge, était en train de déneiger à bord d'un tracteur un tronçon autour de lac Ernest lorsque la glace a cédé.

Une enquête du coroner a été déclenchée aussitôt pour faire la lumière sur les circonstances qui ont mené à cette tragédie et possiblement formuler des recommandations pour éviter que ce scénario se reproduise.

La Société de sauvetage du Québec, qui a le mandat de sensibiliser la population afin de prévenir les noyades, recense en moyenne six à huit noyades hivernales par année. En 2025, six personnes ont perdu la vie dans les eaux glacées du Québec jusqu'à présent. À ces deux décès à Saint-Zénon s'ajoutent trois noyades en début d'année ainsi que le décès d'un motoneigiste survenu le 15 décembre.

«Loin de nous l'idée de dire aux gens qu'on ne peut pas faire d'activité sur la glace, bien au contraire. Mais il faut s'assurer de valider certaines informations avant de vouloir s'y aventurer», explique le directeur général de la Société de sauvetage, Raynald Hawkins.

Il rappelle que la couleur de la glace et son épaisseur sont les indicateurs de sécurité les plus importants. Règle générale, si la glace est noire et qu'il est possible de voir le fond du lac, il est sécuritaire de s'y promener. Cette glace solide est le fruit d'au moins sept à dix jours consécutifs sous la barre des -10 degrés Celsius, accompagnés de nuits froides.

«Ne serait-ce que pour marcher sur cette glace là, ça prend un minimum de 10 centimètres d'épaisseur», indique M. Hawkins, ajoutant que cette mesure est appelée à varier selon le type d'activité, le nombre de personnes et le poids présent sur la glace.

Par exemple, pour supporter une motoneige, l'épaisseur de la glace doit atteindre 12 à 15 centimètres, alors que, pour y installer une cabane de pêche, il faut entre 30 et 38 centimètres d'épaisseur.

M. Hawkins déconseille toutefois de s'aventurer sur de la glace grise. Celle-ci est un mélange d'eau gelée et liquide, ce qui la rend friable.

Lorsque la surface glacée est de couleur «blanchâtre», elle est praticable à condition d'avoir le double de l'épaisseur recommandé pour la glace translucide, avertit le directeur général.

Survivre à une chute dans l'eau glacée

La première étape, selon M. Hawkins, c'est toujours de contacter les services d'urgence en composant le 911, lorsque cela est possible. «De plus en plus, nos pompiers ont des formations en sauvetage sur glace justement. Ils sont équipés pour aller récupérer les gens le plus rapidement possible lorsqu'ils sont en eau froide», a-t-il précisé.

Il est possible de venir en aide à une personne qui vient de tomber, mais il est conseillé de garder une distance prudente afin d'éviter à son tour que la glace se brise sous ses pieds. Dans ces moments-là, les gens doivent répartir leur poids en se couchant sur la glace, puis tendre un long objet, comme un bâton de hockey, pour que la personne en détresse puisse s'y agripper.

Quant à la personne qui tombe à l'eau, elle doit garder en tête la règle «1-10-1», souligne M. Hawkins.

Lorsqu'on se retrouve soudainement dans l'eau glacée, le corps subit un choc thermique, ce qui déclenche de l'hyperventilation. «On sent que notre système respiratoire veut aller plus rapidement pour activer la circulation», indique-t-il.

Le premier «1» représente le temps qu'une personne a pour calmer cette respiration avant de perdre connaissance, soit une minute.

«Le 10, c'est 10 minutes de force musculaire devant vous», affirme M. Hawkins. Cette fenêtre de temps est suffisante pour s'extirper de l'eau avant de perdre toute son énergie.

«Idéalement, je vous dirais de tourner vers l'endroit d'où vous arrivez, parce qu'il y a quelques centimètres ou quelques pas, elle est en mesure de vous supporter cette glace-là», conseille M. Hawkins.

Ce dernier suggère de nager en tapant la glace avec son poing jusqu'à ce qu'elle ne casse plus. Une fois qu'on a atteint cette surface plus solide, il sera possible de sortir les bras jusqu'aux aisselles, puis de battre ses jambes pour sortir le haut de son corps, tout en rampant.

«Une fois qu'on est complètement sorti, ce n’est pas le moment de se lever» averti M. Hawkins. Pour éviter de fendre la glace à nouveau, il recommande de revenir sur ces pas à quatre pattes, ou en rampant.

Le dernier «1» de la règle indique qu'une personne peut rester dans l'eau froide durant une heure avant de décéder d'hypothermie.

M. Hawkins rappelle aux riverains, qui souhaitent profiter de leur lac glacé cet hiver, de rester près des berges, où l'eau se congèle plus facilement.

Samira Ait Kaci Ali, La Presse Canadienne