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De plus en plus de jeunes consommeraient des opioïdes

durée 21h23
27 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

TORONTO — Un éditorial publié lundi dans le Journal de l'Association médicale canadienne indique que de plus en plus de jeunes consomment des opioïdes et appelle à une action urgente pour les traiter lorsqu'ils développent une dépendance.

«Ce qui est inquiétant, c'est que nous savons qu'une consommation précoce est associée à des manifestations plus graves et à une progression plus probable vers la dépendance ou un trouble grave lié à l'utilisation d'opioïdes», a déclaré le Dr Shawn Kelly, coauteur de l'article et pédiatre spécialisé dans le traitement des dépendances à Ottawa.

M. Kelly et la coauteure, la Dre Shannon Charlebois, rédactrice médicale du JAMC, ont cité les données de l'Enquête sur la consommation de drogues et la santé des élèves de l'Ontario, qui a révélé une augmentation spectaculaire de la consommation d'analgésiques sur ordonnance pour des raisons non médicales, passant de 12,7 % en 2021 à 21,8 % en 2023.

Cette enquête indiquait également que les élèves de la 7e à la 9e année étaient plus susceptibles de déclarer consommer ces opioïdes que les élèves plus âgés, de la 10e à la 12e année. Un autre article cité dans l'éditorial a révélé que certains jeunes avaient commencé à consommer des opioïdes dès l'âge de 10 ans.

M. Kelly a qualifié ces données de «choquantes», mais elles reflètent ce qu'il observe dans sa pratique.

Il constate une augmentation de la consommation d'hydromorphone — un opioïde prescrit contre la douleur sous le nom de Dilaudid — par les jeunes, comme drogue de fête qu'ils appellent souvent «dillies». Il est difficile d'expliquer la popularité de l'hydromorphone, a souligné M. Kelly, mais il a noté que les adolescents perçoivent les «opioïdes sur ordonnance» comme plus sûrs que les «drogues de rue».

Cependant, les jeunes sont toujours exposés au risque de surdose en raison d'un approvisionnement en drogues toxiques, a-t-il ajouté.

Des médecins réticents à prescrire aux adolescents

En 2021, 9 % des visites aux urgences liées aux opioïdes en Ontario concernaient des patients âgés de 15 à 24 ans. Ce groupe d'âge représentait également 8 % des décès liés aux opioïdes, selon l'éditorial.

La consommation précoce d'opioïdes peut entraîner une dépendance nécessitant un traitement à la méthadone ou à la buprénorphine/naloxone (connue sous le nom de marque suboxone), mais de nombreux professionnels de la santé primaires sont réticents à prescrire ces médicaments aux adolescents — un problème qui doit changer, ont déclaré les auteurs.

M. Kelly a expliqué qu'un meilleur accès à ces traitements contribuerait à prévenir les surdoses et les difficultés futures, tant pour les jeunes aujourd'hui que pour les adultes.

«Je sais exactement à quoi ressemble la consommation d'opioïdes dans la vingtaine, je sais à quel point c'est terrible, à quel point l'instabilité du logement, l'itinérance, la traite des êtres humains, la criminalité et toutes les horreurs qui accompagnent un trouble grave de consommation d'opioïdes sont douloureuses, a-t-il dit. Intervenir tôt (…) peut faire toute la différence et détourner quelqu'un de cette horrible réalité qu'on ne souhaite à personne.»

Outre la crise des overdoses, les jeunes vivent une «crise de santé mentale qui s'aggrave depuis plus de dix ans et qui a été exacerbée et accélérée par la pandémie», a affirmé M. Kelly.

Beaucoup de ses patients souffrant de dépendance aux opioïdes souffrent également de problèmes de santé mentale, notamment de dépression, d'anxiété et de trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH).

L'accès insuffisant aux soins psychologiques pour les jeunes est un autre défi que les gouvernements doivent relever, mais la méthadone ou la Suboxone peuvent être prescrites sans soutien en santé mentale dans un premier temps, a ajouté M. Kelly.

«Ils auront besoin d'un traitement pour tous ces problèmes afin de mener une vie épanouissante et épanouissante, mais ils n'auront aucune chance de se rétablir de leurs autres problèmes de santé mentale s'ils décèdent», a-t-il dit.

L'éditorial appelle tous ceux qui traitent des jeunes, y compris les médecins de famille et les pédiatres, à suivre la formation nécessaire pour dépister la consommation de drogues et prescrire de la méthadone ou de la suboxone au besoin.

Certains médecins ignorent peut-être qu'ils peuvent désormais prescrire légalement ces médicaments, qui soulagent les symptômes de sevrage et les envies de consommer des opioïdes, a ajouté le Dr Kelly.

Les professionnels de la santé avaient auparavant besoin d'une exemption spéciale pour prescrire de la méthadone, mais Santé Canada a levé cette exigence en 2018, en pleine crise des surdoses.

Des conversations franches entre parents et enfants sur la consommation de drogues sont également essentielles, a indiqué M. Kelly, soulignant que tous les parents d'adolescents devraient avoir de la naloxone, utilisée pour inverser les surdoses d'opioïdes, à la maison.

Nicole Ireland, La Presse Canadienne