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Des linguistes canadiens demandent à Carney d'abandonner l'orthographe britannique

durée 15h53
14 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Des linguistes canadiens jugent que le gouvernement fédéral envoie un mauvais message au monde entier en utilisant l'orthographe britannique dans les documents officiels.

Dans une lettre adressée au premier ministre Mark Carney, cinq experts en linguistique et un représentant d'une association d’éditeurs affirment que la meilleure façon de préserver l'identité nationale est d'adopter l'orthographe canadienne.

La lettre, datée du 11 décembre et transmise à La Presse Canadienne, relève l'utilisation de l'orthographe britannique – comme «utilisation», «globalisation» et «catalyse» au lieu de «utilization», «globalization» et «catalyze» – dans des documents tels que le budget fédéral de 2025.

L’orthographe canadienne est largement et assez uniformément utilisée au Canada – dans l’édition de livres et de magazines, dans les journaux et autres médias, ainsi qu’au sein des gouvernements provinciaux et de leurs assemblées législatives, indique la lettre.

«Si les gouvernements adoptent d’autres systèmes orthographiques, cela pourrait engendrer de la confusion quant à l’orthographe canadienne», peut-on lire dans la missive.

De plus, l’orthographe canadienne est un élément essentiel de l’identité unique du pays, selon les auteurs de la lettre.

La lettre a été signée par les professeurs de linguistique J.K. Chambers, Sandra Clarke, Stefan Dollinger et Sali Tagliamonte, le rédacteur en chef du «Dictionnaire de l’anglais canadien», John Chew, et la présidente de l’Association des éditeurs du Canada, Kaitlin Littlechild.

Ils demandent au cabinet du premier ministre, au gouvernement canadien et au Parlement de s’en tenir à l’orthographe de l’anglais canadien, «qu’ils ont utilisée de façon constante des années 1970 à 2025», soulignent-ils.

Le cabinet du premier ministre n’a pas répondu à la demande de commentaires de La Presse Canadienne au sujet de la lettre.

L’orthographe est un aspect de l’anglais standard canadien, une variété nationale distinctive d’anglais reconnue par l’Oxford English Dictionary, indique-t-on dans la lettre.

L’anglais canadien a évolué grâce à la colonisation loyaliste après la guerre d’indépendance américaine, aux vagues successives d’immigration anglaise, écossaise, galloise et irlandaise, ainsi qu’à des contextes européens et mondiaux.

Aujourd’hui, il reflète les influences et les cultures du monde entier représentées au sein de la population canadienne, et contient des mots et des expressions issus des langues autochtones.

L’anglais canadien standard est unique parmi les variétés d’anglais du monde, car il est historiquement influencé par sa proximité géographique avec les États-Unis, tout en présentant des caractéristiques distinctes de l’anglais américain et de l’anglais britannique, précise la lettre.

De nombreux Canadiens sont attachés à l’orthographe canadienne, mais les opinions divergent quant à la définition exacte de ce qui est canadien, reconnaissent les auteurs de la lettre.

Cela s’explique par le fait que le style canadien a emprunté à la fois à la Grande-Bretagne et aux États-Unis.

Les Canadiens optent parfois pour une orthographe qui pourrait avoir son origine aux États-Unis – ou plus précisément, en Amérique du Nord, précise la lettre. «Pour d’autres mots, nous suivons le style britannique.»

Cependant, dans certains cas, le style canadien n’adopte jamais la variante britannique (par exemple: «tyre» pour «tire» et «gaol» au lieu de «jail»), tandis que dans d'autres, on évite l'orthographe américaine (par exemple: «check» au lieu de «cheque» et «maneuver» à la place de «manoeuvre»).

«L'anglais canadien a évolué ici et représente un aspect unique de notre culture. Il fait partie intégrante de notre histoire et de notre identité», indique la lettre.

«L'orthographe canadienne doit continuer d'être utilisée dans toutes les communications et publications du gouvernement fédéral. C'est une question d'histoire, d'identité et de fierté nationales. De nos jours, c'est la façon la plus simple d'affirmer notre position.»

Jim Bronskill, La Presse Canadienne