Elizabeth May juge que voter pour le budget était une «erreur» qu'elle ne fera plus

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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — La cheffe du Parti vert, Elizabeth May, a affirmé que soutenir le gouvernement Carney lors du vote sur le budget était «une erreur» qu'elle ne refera plus.
Mme May a déclaré à La Presse Canadienne que le protocole d'entente signé par le premier ministre Mark Carney et la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, sur l'énergie — en particulier la partie qui applique les crédits d'impôt fédéraux à la récupération assistée du pétrole — constituait une «trahison et un revirement importants» qui l'amènent à remettre en question la valeur de la parole de M. Carney.
«Je ne sais pas si le premier ministre a menti, mais je pense qu'il doit réfléchir à la valeur de sa parole lorsqu'il s'engage, a-t-elle déclaré. Il a manifestement estimé qu'il était plus important de conclure un accord avec Danielle Smith que de tenir sa parole.»
Comme l'a rapporté vendredi La Presse Canadienne, le ministre Steven Guilbeault a été envoyé le mois dernier pour obtenir le vote de Mme May sur le budget, après avoir reçu l'assurance du cabinet du premier ministre que les crédits d'impôt pour la récupération assistée du pétrole ne seraient pas inclus dans le budget ni ajoutés par la suite.
La récupération assistée du pétrole est une technologie de stockage du carbone qui consiste à capter le dioxyde de carbone provenant des émetteurs industriels et à l'injecter sous terre dans les champs pétrolifères. Cela augmente la pression et extrait davantage de pétrole de la roche, tandis que le dioxyde de carbone est piégé sous terre.
Des écologistes, dont M. Guilbeault, considèrent qu'un crédit d'impôt pour la récupération assistée du pétrole constitue une subvention directe à la production pétrolière.
La section du budget traitant des crédits d'impôt pour le captage, l'utilisation et le stockage du carbone, pratique souvent abrégée en CUSC, indiquait que la récupération assistée du pétrole ne serait pas admissible à une subvention fédérale. Mme May avait entendu des rumeurs selon lesquelles le gouvernement allait revenir sur cette décision.
C'était l'une des raisons qui l'empêchaient de soutenir le budget, jusqu'à ce que M. Guilbeault lui donne sa parole que cela n'arriverait pas.
Mais l'accord avec l'Alberta, signé dix jours après que Mme May a voté en faveur du budget fédéral, engage le Canada à prolonger les crédits d'impôt fédéraux afin d'encourager les investissements à grande échelle dans le CUSC, y compris le projet Alliance Nouvelles voies «et une récupération assistée du pétrole pour fournir la certitude nécessaire pour attirer d’autres sources nationales et étrangères de capitaux».
Ce revirement sur le crédit d'impôt a été l'une des raisons qui ont poussé M. Guilbeault à quitter le cabinet.
Mme May a déclaré qu'elle ne regrettait pas d'avoir voté en faveur du budget, car elle avait obtenu de M. Carney qu'il confirme l'engagement du Canada à respecter ses objectifs climatiques fixés dans l'accord de Paris.
Son vote n'a pas été décisif, car le NPD et les conservateurs ont chacun eu deux abstentions, ce qui a permis au budget d'être adopté et d'éviter la possibilité d'élections hivernales.
«Je ne regrette pas d'avoir fait ce que je pensais être juste. Je reste convaincue que j'ai agi selon mes principes et pour les bonnes raisons, et je n'ai pas manqué à ma parole», a déclaré Mme May.
«J'ai tenu parole et j'ai voté en faveur de la confiance dans ce gouvernement. Je ne referai pas cette erreur», a-t-elle ajouté.
Interrogé jeudi sur la nécessité d'inclure dans le budget des crédits d'impôt pour la récupération assistée du pétrole, le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Tim Hodgson, a répondu que cela était «important pour l'Alberta».
«Écoutez, je pense que différentes personnes peuvent avoir des points de vue différents. Lorsque vous injectez du carbone de manière permanente dans le sol et que vous l'y maintenez de manière permanente, c'est une bonne chose. Je pense que beaucoup considèrent que c'est une mesure productive», a déclaré M. Hodgson à La Presse Canadienne.
«Je vous dirais également que cela générerait l'une des réponses les plus rapides et les plus importantes à la question de l'utilisation de l'acier canadien — en raison des tiges de forage — parmi toutes les décisions politiques qui pourraient être prises. C'est donc un sujet qui a été discuté.»
— Avec des informations provenant de Mia Rabson
Nick Murray, La Presse Canadienne