L'Afrique du Sud souhaite conclure un nouvel accord commercial avec le Canada

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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — Alors que le premier ministre Mark Carney va se rendre à Johannesburg pour le Sommet du G20, le Canada et l'Afrique du Sud discutent d'un accord visant à dynamiser leurs échanges commerciaux et leurs investissements bilatéraux.
Cet accord pourrait permettre d'accroître la présence de vins sud-africains sur les marchés canadiens en échange d'exportations de gaz.
«Nous poursuivons un partenariat stratégique avec le Canada, a expliqué le haut-commissaire sud-africain, Rieaz Shaik, à La Presse Canadienne. Je le qualifie d'accord "gaz contre vin".»
M. Shaik a précisé que les discussions portent sur cinq secteurs: l'agroalimentaire, les infrastructures, les mines, l'énergie et les technologies de pointe. L'accord final prendrait vraisemblablement la forme d'un accord de promotion et de protection des investissements étrangers.
Cet accord privilégierait le développement de l'engagement du secteur privé plutôt qu'un accord commercial classique axé sur les marchandises, a-t-il indiqué.
Il a ajouté que le principal obstacle réside dans la mise en place d'un mécanisme de règlement des différends mutuellement acceptable pour ces secteurs.
Il a également mentionné que de hauts responsables sud-africains prévoient de se rendre prochainement en Saskatchewan, province très avancée en matière d'exportation de semences vers des marchés en quête de sources de protéines non animales. Selon M. Shaik, l'Afrique du Sud souhaite également s'inspirer des systèmes canadiens de chaîne du froid pour prévenir la détérioration des aliments.
Il a ajouté que l'Afrique du Sud souhaite que les régies provinciales des alcools commercialisent des vins haut de gamme et de niche de son pays, qui lancera la semaine prochaine une campagne de marketing visant à réduire ses importations de vin en vrac bon marché.
M. Shaik a indiqué que son pays est intéressé par l'achat de gaz naturel liquéfié (GNL) au Canada, sous réserve de la mise en place des infrastructures d'exportation nécessaires. Des entreprises canadiennes aident l'Afrique du Sud à se tourner vers un charbon plus propre, dans le cadre de ses efforts pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles.
Il a suggéré qu'Ottawa pourrait mobiliser Exportation et développement Canada (EDC) et l'Institut de Financement du Développement Canada pour aider les investisseurs canadiens à tirer profit des grands projets d'infrastructure développés en Afrique du Sud.
M. Shaik a affirmé que la fusion en cours d'Anglo American et de Teck Resources en une seule entreprise de minéraux critiques à Vancouver, Anglo Teck, va révolutionner les exportations de cuivre. L'Afrique du Sud possède également une expertise en matière d'exploitation minière en profondeur qui pourrait profiter au Canada, a-t-il ajouté.
La coopération entre le Canada et l'Afrique du Sud dans les secteurs technologiques pourrait s'étendre à la fabrication de pointe, à l'intelligence artificielle et à l'utilisation de la technologie nucléaire, a-t-il souligné.
Une rencontre au sommet
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa accueille cette semaine le sommet des dirigeants du G20. Lui et M. Carney pourraient aborder les négociations commerciales en cours dès vendredi. M. Shaik a avancé que les deux chefs de gouvernement sont des «experts en chiffres» qui recherchent des résultats concrets.
Des responsables fédéraux, qui ont informé les journalistes de la visite de M. Carney en Afrique du Sud et aux Émirats arabes unis cette semaine, sous couvert d'anonymat, ont indiqué que le Canada s'efforce de jeter les bases de relations commerciales et diplomatiques plus étroites avec l'Afrique du Sud.
M. Shaik a affirmé que l'Afrique du Sud, tout comme le Canada, est confrontée à une forte dépendance commerciale vis-à-vis du marché américain. Il a comparé les efforts déployés pour établir une zone de libre-échange continentale en Afrique aux efforts du Canada pour éliminer les barrières commerciales interprovinciales.
«Nous sommes fascinés par le Canada, en raison des similitudes que nous constatons, a-t-il mentionné. Nos propres industries sont devenues beaucoup trop dépendantes d'un commerce trop facile. Elles n'ont pas favorisé l'innovation, la productivité, ni l'investissement de capitaux pour créer des emplois.»
M. Shaik a également rappelé que les Sud-Africains gardent un souvenir ému du rôle essentiel joué par le Canada comme «principal moteur de la lutte contre le gouvernement de l'apartheid», notamment par le biais des syndicats et de son travail de plaidoyer auprès du gouvernement.
Il a ajouté qu'Ottawa est restée dans les mémoires pour son «aide précieuse» apportée aux Sud-Africains pour établir une démocratie fonctionnelle dotée d'une constitution solide.
«Je parle d'une relation familiale en raison de ses excellents débuts, a-t-il affirmé. Cette relation existe toujours, mais elle n'est ni dynamique ni interactive.»
Dylan Robertson, La Presse Canadienne