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L'ardeur au travail de Charles Leblanc est la raison de son rappel par les Marlins

durée 17h25
2 août 2022
La Presse Canadienne, 2022
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2022

Partout où il est passé, Charles Leblanc a été le joueur qui travaillait le plus fort. C'est cette ardeur au travail qui explique son rappel par les Marlins de Miami.

Choix de quatrième tour (129e au total) des Rangers du Texas en 2016, Leblanc a depuis gravi un à un les échelons, réussissant toujours à faire suffisamment bien pour ne pas faire du surplace.

Les Marlins l'ont acquis l'hiver dernier lors du repêchage «de la règle no 5» (qui permet aux clubs n'ayant pas une formation de 40 joueurs complète de repêcher des joueurs chez les clubs dont la formation est complète) et de nouveau, il a forcé la main des dirigeants: il était parmi les meilleurs du niveau AAA avec des moyennes offensives de ,302/,381/,503, ainsi que 14 circuits et 45 points produits en 47 matchs. 

Comme les Marlins ne vont nulle part cette saison, plusieurs se demandaient ce qu'ils attendaient pour le rappeler. C'est finalement vendredi dernier que le club de la Floride s'est décidé.

«Nous étions à Gwyneth, en Georgie, pour affronter le club AAA des Braves d’Atlanta, raconte Leblanc au bout du fil avant de sauter sur le terrain pour l'entraînement au bâton des Marlins. Trente minutes avant le match, j’étais déjà dans l’abri à commencer mes étirements. L’instructeur des frappeurs est descendu dans l’abri me dire que le gérant voulait me voir. Je lui ai répondu d’arrêter de niaiser! Je suis monté dans le bureau du gérant, qui m’a dit qu’il avait reçu l’ordre de me rayer de la formation mais qu’il n’en savait pas plus. Je trouvais ça bizarre. Je me disais que c’était soit pour m’échanger ou me rappeler, mais que dans les deux cas, ils ne voulaient pas que je me blesse et j’étais content de ça. Après la rencontre, mon gérant m’a dit que ce n’était sûrement pas la nouvelle que je souhaitais, mais que les Marlins m’assignaient au groupe de réserve. 

«Ce n’est pas le rappel dont je rêvais, mais j'allais être dans l'entourage du club. En arrivant au stade, je suis allé me présenter au gérant (Don Mattingly). Trente minutes plus tard, quelqu’un de l’organisation est venu me chercher pour me dire que Don voulait me revoir. Quand je suis entré, il s’est levé, est venu me donner la main et m’a dit: 'Félicitations, tu es un 'Big Leaguer' maintenant'.»

«C’est un gars qui se démarquait quand il est entré dans notre système, a expliqué le directeur technique de Baseball Québec, Sylvain Saindon. À 15 ans, alors qu’il était encore d’âge bantam à l’époque (M15 de nos jours), il s’est taillé une place au sein de l’équipe midget AAA de Laval. Troisième frappeur du rôle, il a été leur meilleur frappeur cet été-là. C’est un gars qui a toujours une coordination oculo-manuelle supérieure à la moyenne, mais c’était surtout une bête de rigueur: dès que tu le perdais de vue, tu le retrouvais à travailler son élan sur un 'tee' ou dans une cage. Il s’est toujours donné comme mission de devenir meilleur. Ce n’est donc pas une surprise de le voir aboutir dans les Majeures.»

Leblanc ne déçoit assurément pas ses patrons depuis: en trois matchs (son nom était inscrit sur le rôle partant du match de mardi, contre les Reds de Cincinnati), il a maintenu des moyennes de ,364/,364/,818 avec deux doubles, un circuit et deux points marqués. Il s'est adapté chaque fois qu'il a gravi les échelons et semble vouloir le faire de nouveau.

«Le niveau d’adaptation est davantage émotionnel et mental à ce niveau-ci, note-t-il. Si t’as été rappelé, ça veut dire que tu as les outils, le talent et que l’équipe croit que tu peux l'aider à gagner. Mais es-tu capable de jouer devant 30 000 personnes tous les soirs? C’est surtout ça.

«Le premier match contre les Mets, c’était plein de fans des Mets à Miami. Ça criait ‘Let’s go Mets!’ tout le temps, il y a de la musique, des lumières qui flashent partout. C’est vraiment d’éliminer tout ce qui se passe autour, le stress, les émotions, car le baseball reste du baseball.  (...) Que tu joues à Miami, au camp sur le terrain no 5 ou à Jacksonville; au AAA, AA ou A fort, c’est la même 'game' que je joue depuis des années.»

Ça lui aura pris un peu plus de deux matchs à s'ajuster à son nouvel environnement.

«Je me rappelle, mes deux premières présences au bâton, le cœur voulait me sortir de la poitrine. Ça m’a pris un bout avant de relaxer. Avec les Reds (lundi), le stade s’est vidé un peu et j’étais capable de m’entendre penser! J’ai vraiment été capable de me calmer et me concentrer sur le match.

«Tranquillement pas vite — tranquillement plus que vite! — je commence à sentir que je fais partie de l’équipe et que je ne suis pas là seulement que pour compléter des matchs quand tous les réguliers sont retirés de la formation, comme au camp d'entraînement. (...) Maintenant, je ne suis pas juste ici pour être le remplaçant: j’ai un casier avec mon nom et mon numéro, je fais partie de l’équipe. Je commence à réaliser que j’ai fait ma place.»

Frédéric Daigle, La Presse Canadienne