L'Université de Sherbrooke lance un nouvel essai clinique pour l'asthme modéré

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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — Un essai clinique multicentrique dirigé par un chercheur de l'Université de Sherbrooke mettra à l'épreuve une nouvelle approche thérapeutique face à l'asthme modéré.
L'étude regroupera 150 patients, dont 50 au Québec, souffrant d'asthme modéré qui seront répartis aléatoirement entre deux groupes: le premier recevra un placebo et le deuxième une molécule appelée dupilumab qui est déjà utilisée pour traiter d'autres maladies inflammatoires.
«C'est une étude très ambitieuse parce qu'on vise la rémission comme issue primaire, a dit le responsable de l'étude, le docteur Simon Couillard, qui a discuté du projet en primeur avec La Presse Canadienne. Ça veut dire que les gens ont une vie normale, plus de crises, une fonction pulmonaire stable, peu ou pas de symptômes. Dans le contexte d'un essai clinique randomisé, c'est une première.»
L'asthme modéré touche environ 40 % des asthmatiques, mais leur condition n'est habituellement pas assez grave pour nécessiter une prise en charge par un pneumologue. Ils se situent quelque part entre ceux dont l'asthme est léger et les patients qui ont besoin d'un suivi médical plus serré.
On réalise toutefois maintenant qu'il pourrait être possible de soulager ces patients, de diminuer le nombre de crises qu'ils subissent chaque année, et du fait même de réduire le risque de séquelles à long terme, a expliqué le docteur Couillard.
«L'étude vise les asthmes modérés qui ont beaucoup trop d'inflammation, ce qu'on appelle l'asthme à haut risque, a-t-il dit. Parce que plus on a d'inflammation en asthme, plus on est à risque de crise d'asthme, donc ce sont des patients à risque. Et la beauté de tout ça, c'est que l'inflammation est traitable de façon dose dépendante: plus on a d'inflammation, mieux on répond à un médicament anti-inflammatoire, par exemple.»
Si les résultats sont positifs, a poursuivi le docteur Couillard, cela ouvrira la porte à une prise en charge de l'asthme similaire à la prise en charge de maladies inflammatoires comme l'arthrite rhumatoïde ou les maladies intestinales.
Face à ces maladies, a-t-il dit, on n'attend pas que le patient présente des crises récurrentes: le médicament est administré dès que possible pour «endormir» la maladie.
«On espère que notre étude va permettre un changement de pratique, a souligné le docteur Couillard. N'attendons pas et intervenons proactivement pour prédire et prévenir les crises.»
Pour le moment, a-t-il dit, la prise en charge des patients asthmatiques dépend des symptômes: plus le patient se plaint, plus il est traité.
Le but de l'étude est d'éviter ce qu'il appelle un «remodelage bronchique» et une perte de fonction pulmonaire, mais aussi un «remodelage humain», puisque chaque crise d'asthme est associée à des journées manquées au travail ou à l'école, à de l'anxiété et aux effets secondaires des médicaments pris pour y répondre.
«Ce sont parfois des vies entières qui sont remodelées autour de l'asthme», a rappelé le docteur Couillard.
Financée à la hauteur de 10,08 millions $ par l'entreprise biopharmaceutique Sanofi et son partenaire Regeneron, cette initiative réunit l'expertise de l'Université de Sherbrooke, de l’Université d'Oxford et de l’Université de l'Australie-Occidentale. Les premiers résultats sont attendus en 2029 ou 2030.
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Les patients intéressés à participer à cet essai clinique peuvent se manifester ici: (819) 342-9729 ou [email protected].
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne