La rentrée scolaire est plus difficile sur le sommeil pour les «oiseaux de nuit»


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — Avec la rentrée scolaire et les heures de cours qui commencent assez tôt, les jeunes qui ont tendance à se coucher tard — qu'on surnomme les oiseaux de nuit — sont défavorisés par rapport aux lève-tôt. Mais ce n'est pas entièrement de leur faute, soulève une spécialiste. Notre heure de coucher et de lever est en partie régie par notre horloge biologique interne.
En effet, notre tendance à nous lever tôt ou à l'inverse à faire la grasse matinée est dictée par ce qu'on appelle le chronotype, explique en entrevue Julie Carrier, professeure au département de psychologie de l’Université de Montréal.
Environ 90 % de la population est mitoyenne, c'est-à-dire qu'elle se situe quelque part entre les extrêmes: soit les gens qui se couchent aux petites heures et ceux qui se lèvent avant l'aube.
«Il y a plusieurs facteurs qui influencent notre chronotype, mais effectivement, il y a une partie qui est innée. On a même identifié certains gènes qui sont associés au fait d'avoir tendance à se coucher tôt, se lever tôt ou se lever tard, et se coucher tard, indique Mme Carrier. Cela dit, nos comportements influencent aussi notre tendance à vouloir se coucher plus ou moins tard ou plus ou moins tôt.»
Par ailleurs, notre chronotype reste le même toute notre vie, même si en vieillissant on a tendance à moins dormir. Ainsi, plus vieux, les oiseaux de nuit continueront de se coucher et se lever tard, mais «quand même un peu plus tôt qu'ils le faisaient quand ils avaient 20 ou 30 ans».
Conseils pour atténuer les effets
Les couche-tard auront généralement de la difficulté à s'endormir tôt dans le contexte de rentrée scolaire. Leurs obligations scolaires, qui vont faire en sorte qu'ils doivent se lever tôt, vont les priver de sommeil. Même s'ils récupèrent une partie du sommeil la fin de semaine, «ce patron-là n'est pas optimal», avertit Mme Carrier, qui est également chercheuse au Centre d’études avancées en médecine du sommeil de l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal.
Mme Carrier dit s'inquiéter pour ces jeunes, ce qui comprend l'adolescence jusqu'au début de la trentaine. Parce qu'ils sous-estiment l'impact du manque de sommeil sur leur santé, ce qui peut nuire aussi à leur concentration, leur mémoire et leur productivité.
«Ils sont souvent en privation de sommeil durant les jours où ils ont des obligations scolaires ou de travail. Ils vont quand même récupérer, mais ils ne vont pas adopter une approche en priorisant leur sommeil, et donc, ils vivent les conséquences de ça, mais ils ne vont pas nécessairement adopter tous les comportements qui pourraient les aider à optimiser leur sommeil», expose Mme Carrier.
«Il faut valoriser le sommeil et croire que c'est un investissement aussi dans sa santé cognitive, émotive, etc. Mais on a de la difficulté à faire comprendre ça aux jeunes», ajoute-t-elle.
Pour la rentrée scolaire, elle conseille aux oiseaux de nuit de tenter d'habituer leur horloge biologique à se coucher un peu plus tôt et à se lever un peu plus tôt. «Ils ne seront pas capables d'aller se coucher à 8 heures le soir, mais ils n'ont pas besoin non plus d'exagérer et de se coucher à 2 heures et demie du matin», affirme la spécialiste.
«Plus vous recevez de la lumière, plus votre horloge biologique va avoir tendance à vouloir se coucher tard et se lever tard, précise-t-elle. C'est le contraire le matin. Plus vous recevez la lumière tôt le matin, plus votre horloge biologique va avoir tendance à vouloir se coucher et se lever plus tôt.»
Elle suggère d'éviter d'être exposé à des stimuli et de s'exciter le soir, et aussi de tamiser la lumière le plus possible. Le matin, au contraire, on ouvre les rideaux et les lumières pour amener son horloge biologique à comprendre que c'est le début de la journée. Aussi, il est recommandé de faire des siestes en journée pour ceux qui ne réussissent pas à dormir entre sept et neuf heures.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne