Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Le Canada peine à faire venir des réfugiés afghans comparativement à ceux d'Ukraine

durée 04h50
15 août 2022
La Presse Canadienne, 2022
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2022

OTTAWA — Un an après que les talibans aient repris le contrôle de l’Afghanistan, les efforts du Canada pour intégrer les réfugiés afghans sont à la traîne par rapport aux objectifs officiels et aux efforts pour aider ceux qui fuient la guerre en Ukraine.

Plus de 17 300 Afghans sont arrivés au Canada depuis août dernier, comparativement à 71 800 Ukrainiens qui sont venus au Canada en 2022 seulement, selon les statistiques gouvernementales. 

Le gouvernement fédéral a promis de réinstaller 40 000 Afghans.

Des militants et des députés canadiens accusent le gouvernement libéral de ne pas en faire assez pour aider les personnes qui ont travaillé avec les Forces armées canadiennes en Afghanistan, notamment en tant qu'interprètes. Ils disent que certaines familles se cachent des talibans en attendant l'approbation de leurs demandes d'immigration, tandis que d'autres ont été séparées, les enfants et les conjoints des candidats ayant été laissés pour compte.

La députée néo-démocrate Jenny Kwan, qui a été en contact avec de nombreux réfugiés afghans qui ont travaillé avec les Forces canadiennes, affirme qu'il y a une différence marquée entre le traitement réservé par le gouvernement à ceux qui fuient les talibans et à ceux qui veulent s’extraire de l'invasion russe. Selon elle, la situation des Afghans qui ont aidé le Canada est grave, car certains n'ont reçu aucune réponse à leurs demandes du service de l'immigration autre qu'une réponse automatisée. D'autres qui demandaient des visas aux autorités talibanes pour échapper à leur régime ont été mis en danger s'ils s'identifiaient.

«Leurs vies sont en danger. Ils m'ont dit comment les talibans les appelaient : ils s'appellent «les chiens de l'Ouest», a déclaré la députée Kwan. «Nous leur devons une dette de gratitude. Nous ne pouvons pas les abandonner.''

Amanda Moddejonge, vétéran militaire et militante, a déclaré avoir vu des familles se séparer, seules quelques-unes atteignant le Canada. Elle a également averti que les Afghans qui travaillaient pour les Forces armées canadiennes sont pourchassés par les talibans.

`` Personne ne devrait risquer la mort pour avoir travaillé pour le gouvernement du Canada, surtout lorsque ce gouvernement peut identifier ceux qui ont travaillé pour eux et est en mesure de leur fournir une aide vitale '', a-t-elle dit.

Les avertissements interviennent alors que les agences humanitaires travaillant en Afghanistan sonnent l'alarme sur le fait que le pays est dans une grave crise humanitaire, avec 18,9 millions de personnes confrontées à la faim aiguë.

Asuntha Charles, directrice nationale de Vision mondiale Afghanistan, affirme que les travailleurs humanitaires ont été confrontés à une pauvreté et à une malnutrition aiguës, y compris chez les enfants. 

«Au moins un million d'enfants sont au bord de la famine et au moins 36 % des enfants afghans souffrent d'un retard de croissance _ étant petits pour leur âge _ un effet courant et largement irréversible de la malnutrition», a-t-elle précisé.

«Dans les quatre régions où nous travaillons, nous avons constaté que les familles vivent avec moins d'un dollar par jour. Cela a forcé sept garçons sur 10 et la moitié de toutes les filles à travailler pour aider leur famille au lieu d'aller à l'école.''

Vincent Hughes, porte-parole du ministre de l'Immigration Sean Fraser, soutient que les programmes d'immigration afghans et ukrainiens sont très différents. Selon lui, les réfugiés afghans qui sont arrivés grâce à des programmes mis en place pour les amener au Canada ont le droit de rester de façon permanente, alors que l'on pense que de nombreux Ukrainiens qui ont fui au Canada ont l'intention de retourner éventuellement en Ukraine.

Aider à faire sortir les gens de l'Afghanistan est très difficile, a-t-il ajouté, car le Canada n'y a pas de présence diplomatique et ne reconnaît pas le gouvernement taliban. "Notre engagement à faire venir au Canada au moins 40 000 Afghans vulnérables demeure et il est l'un des plus importants programmes au monde", a-t-il affirmé.

`` La situation en Afghanistan est unique, car nous sommes confrontés à des défis qui n'ont pas été présents dans d'autres initiatives de réinstallation à grande échelle.''

Marie Woolf, La Presse Canadienne