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Le taux d’imposition des gains en capital augmentera à partir de 250 000 $

durée 16h14
16 avril 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — L’imposition du gain en capital augmentera pour les Canadiens les plus fortunés à partir du 25 juin. 

Au-delà du seuil de 250 000 $, les deux tiers des gains en capital seront imposés plutôt que la moitié, propose le budget fédéral dévoilé mardi.

Le traitement fiscal reste le même pour les gains annuels inférieurs à 250 000 $ ou pour la première tranche annuelle de 250 000 $.

La mesure toucherait un relativement petit nombre de particuliers, selon le ministère des Finances. Seulement 40 000 Canadiens auraient déclaré des gains en capital de plus de 250 000 $, annuellement. Cela représenterait 0,13 % des contribuables, soit 13 % du fameux 1 %.

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a dit en conférence de presse que le seuil de 250 000 $ avait été déterminé «précisément» pour «cibler ceux qui ont le plus de possibilités de payer un peu plus pour financer les programmes pour l’équité».

La mesure ne touchera pas les propriétaires qui ont vu la valeur de leur maison augmenter. La vente de la résidence principale demeure exonérée d’impôt. 

Les gains en capital réalisés dans un compte enregistré, comme un compte d'épargne libre d'impôt (CELI), un compte d'épargne libre d'impôt pour l'achat d'une première propriété (CELIAPP) ou un régime enregistré d'épargne‑retraite (REER), ne sont pas imposés.

Un exemple à 500 000 $

Par exemple, un Québécois déclarant un gain en capital de 500 000 $ au taux marginal d’imposition le plus élevé aurait payé 68 900 $ d’impôt au fédéral en 2023. Les chiffres tiennent compte de l’abattement du Québec. Si ce gain avait été considéré comme un revenu ordinaire, l’impôt à payer aurait été le double.

Avec les changements fiscaux, le même particulier aurait payé 80 383,33 $ en impôt, toujours au fédéral. 

Il reste à voir si les gouvernements provinciaux emboîteront le pas au fédéral et changeront, eux aussi, le taux d’inclusion du gain en capital. 

Au Québec, le même particulier aurait payé 133 275 $ en impôt au fédéral et provincial en 2023. Si Québec imite aussi le fédéral, il en paierait 155 487,50 $ aux deux paliers de gouvernement. 

Avant la publication du budget, le chercheur fiscal Luc Godbout, de laChaire de recherche en fiscalité et en finances publiques (CFFP) de l’Université de Sherbrooke, avait conseillé d’imposer les trois quarts (75 %) du gain en capital, soit encore plus que le changement proposé par le fédéral.

«La réduction de l’avantage du gain en capital pourrait être implantée à brève échéance et de manière relativement simple, permettant ainsi de dégager des sommes conséquentes», écrivait M. Godbout dans un mémoire présenté dans le cadre des consultations prébudgétaires.

Pour sa part, David Dodge, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, a exprimé des préoccupations quant à la possibilité d’augmenter l’impôt des plus fortunés, avant la publication du budget. Il craint qu’une augmentation de la contribution fiscale des plus fortunés ralentisse la croissance économique.

Questionnée sur le sujet, la ministre des Finances, Mme Freeland, a assuré en anglais que son gouvernement avait agi «avec grande prudence» et que le climat d’investissement était «l’une des principales considérations» dans sa réflexion. «J’ai confiance que les mesures que nous avons prises n’auront pas d’effet sur la confiance des entreprises, sur les investissements des entreprises.»

Colin Pratte, chercheur de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS), qualifie le changement de «timide». Selon un outil interactif du directeur parlementaire du budget, le fédéral aurait pu accroître ses revenus de 13 milliards $ annuellement en imposant 75 % du gain en capital sur la totalité du gain. «Ça aurait pu aller beaucoup plus loin et obtenir des résultats plus importants.»

Sur cinq ans, le ministère estime que l’augmentation d’impôt sur le gain en capital lui permettra d’obtenir 19,36 milliards $ de revenus supplémentaires. Les allégements pour les entrepreneurs représenteraient une dépense fiscale de 1,67 milliard $, toujours sur cinq ans. 

Un allégement pour les entrepreneurs

Les entreprises sont également visées par ce changement du taux d’imposition. Le ministère des Finances estime que seulement 12,6 % des sociétés canadiennes seront touchées par cette mesure. 

Le gouvernement Trudeau prévoit toutefois des allégements pour les entrepreneurs lorsqu’ils vendent leur entreprise en partie ou en totalité.

L’exonération cumulative des gains en capital pour la vente d’une petite entreprise ou de biens agricole et de pêches passera de 1 million $ à 1,25 million $ à compter du 25 juin.

D’autres allégements de la fiscalité entreront en vigueur à partir de 2025, de manière progressive. En 2034, un entrepreneur qui vendrait son entreprise ne paierait pas d’impôt sur la première tranche de 1,25 million $ de gain en capital. Pour la tranche de 2 millions $ suivante, il ne paierait de l’impôt que sur le tiers de son gain. 

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne