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Les Canadiens font toujours confiance aux vaccins, mais cette confiance a diminué

durée 08h44
17 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

TORONTO — Environ les trois quarts des adultes canadiens font toujours confiance aux vaccins, selon un nouveau sondage, mais cette confiance s'est quelque peu effritée au cours des cinq dernières années.

Lors du coup de sonde de la division de Léger consacrée à la recherche dans le domaine de la santé, 74 % des personnes interrogées se sont dites «très confiantes» (42 %) ou «plutôt confiantes» (32 %) quant à la sécurité et à l'efficacité des vaccins.

Cependant, environ le quart des répondants ont fait savoir que leur niveau de confiance a diminué depuis 2019.

Le niveau de confiance augmentait avec l’âge, atteignant son maximum chez les personnes de 65 ans et plus. À l'inverse, 30 % des 18-34 ans ont avoué avoir moins confiance envers les vaccins qu'auparavant.

Les répondants étaient plus hésitants à l’égard des vaccins contre la COVID-19 et la grippe.

Selon les professionnels de santé interrogés, les causes principales à l'origine de l’hésitation vaccinale sont l’inquiétude concernant l’innocuité (61 %), la désinformation provenant des influenceurs sur les réseaux sociaux (53 %) et la méfiance envers le gouvernement ou la santé publique (48 %).

L’efficacité à prévenir les formes graves de la maladie (38 %), la gravité de la maladie ou le risque d’en décéder (37 %) et l’innocuité du vaccin et ses effets secondaires potentiels à long terme (30 %) sont les facteurs qui poussent une personne à se faire vacciner ou non.

Information fragmentée

Ces résultats interviennent alors que les autorités sanitaires exhortent la population à se faire vacciner contre la grippe, dans un contexte d'augmentation spectaculaire du nombre de cas et d'hospitalisations chez les enfants.

Une communication claire, transparente et cohérente sur les risques et les avantages des vaccins est essentielle pour instaurer la confiance, selon la vice-présidente de la recherche chez Léger Healthcare, Melicent Lavers-Sailly.

Or, de nos jours, les gens obtiennent des informations – parfois erronées – provenant de nombreuses sources, y compris les réseaux sociaux.

«Au cours des cinq dernières années, les informations sur les vaccins sont devenues plus fragmentées», a souligné Mme Lavers-Sailly.

«Si tout le monde dit quelque chose de différent, cela prête à confusion. Il est donc logique que vous ayez moins confiance en ce que vous entendez.»

Quarante-neuf pour cent des personnes interrogées ont dit être «très à l'aise» avec le vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (RRO), tandis que 20 % d'entre elles se sont dites «plutôt à l'aise».

Seize pour cent ont dit ne pas être «du tout à l'aise» ou être «plutôt mal à l'aise» avec ce vaccin, alors que 15 % ont dit ne pas savoir.

La Dre Zainab Abdurrahman, qui est présidente de l'Association médicale de l'Ontario, se réjouit de voir que 74 % des Canadiens continuent de faire confiance aux vaccins.

Cependant, elle soutient que le sondage démontre que les professionnels de la santé doivent répondre aux préoccupations spécifiques de leurs patients concernant la vaccination.

«Avec les récentes éclosions de rougeole, même une légère baisse de confiance envers le vaccin RRO est très préoccupante», a prévenu la Dre Abdurrahman, qui est allergologue et immunologiste clinicienne.

«Le vaccin contre la rougeole est l'un des outils les plus sûrs et les plus efficaces dont nous disposons. Et nous devons le rappeler.»

Réseaux sociaux et balados

Selon le sondage, les Canadiens consultent principalement leur médecin de famille ou leur infirmière praticienne pour obtenir des informations sur les vaccins. Ils consultent aussi les sites web du gouvernement et de la santé publique.

Le fait qu'environ six millions de personnes n'aient pas de médecin de famille au Canada pourrait contribuer au recul de la confiance envers les vaccins, selon la Dre Abdurrahman.

«Je pense que cela joue effectivement un rôle important. Un (prestataire de soins primaires), c'est une personne avec qui vous avez construit une relation au fil du temps. Il y a une relation de confiance», a-t-elle rappelé.

De nombreux répondants ont également dit s'être tournés vers les médias canadiens pour obtenir des informations.

Mais les personnes qui font moins confiance aux vaccins ont dit privilégier les réseaux sociaux ou les balados pour s'informer. Vingt-deux pour cent des personnes qui ont déclaré n'avoir «aucune confiance» envers les vaccins ont indiqué qu'elles ne cherchaient pas d'informations sur les vaccins ou que la question ne s'appliquait pas à elles.

Dix-sept pour cent des personnes qui ont exprimé un manque de confiance envers les vaccins ont dit avoir obtenu des informations sur des sites web liés au gouvernement américain.

Cela inquiète la Dre Cora Constantinescu, spécialiste des maladies infectieuses pédiatriques à Calgary, qui dirige une clinique spécialisée dans la réticence à la vaccination.

«On ne peut plus faire confiance aux sources gouvernementales américaines telles que le CDC (Centers for Disease Control and Prevention)», a-t-elle averti.

Le secrétaire américain à la Santé et aux Services sociaux, Robert F. Kennedy Jr, a démantelé plus tôt cette année l'organisme consultatif sur les vaccins et a sélectionné lui-même ses nouveaux membres. M. Kennedy est lui-même un militant anti-vaccins de longue date.

Malgré tout, la Dre Constantinescu, qui est vice-présidente d'Immunisation Canada, une coalition nationale qui promeut la sensibilisation à la vaccination, reste optimiste.

«Ce que montre ce sondage, c'est que la plupart des Canadiens font confiance aux vaccins et que cela pourrait peut-être devenir une identité nationale. C'est mon rêve», a-t-elle mentionné.

«Nous choisissons la santé pour nous-mêmes, nos familles et notre communauté.»

Leger Healthcare a interrogé 300 prestataires de soins de santé en ligne du 27 octobre au 5 novembre et a utilisé ces résultats pour adapter les questions de son sondage en ligne auprès de 1521 Canadiens âgés de 18 ans et plus, réalisé du 14 au 17 novembre.

Selon le Conseil de recherche et d'intelligence marketing canadien, il n'est pas possible d'attribuer une marge d'erreur aux sondages en ligne, car ils ne sont pas réalisés à partir d'un échantillon aléatoire de la population.

À des fins de comparaison, Léger indique qu'un échantillon probabiliste de la taille de celui utilisé pour ce sondage aurait une marge d'erreur ne dépassant pas ±2,50 % (19 fois sur 20).

La couverture en santé de La Presse Canadienne est soutenue par un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable de ce contenu journalistique.

Nicole Ireland, La Presse Canadienne