Les manifestations au G7 devraient être pacifiques, selon un expert


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Par La Presse Canadienne, 2024
EDMONTON — Les manifestations qui auront lieu lors du prochain Sommet du G7 à Kananaskis, en Alberta, pourraient être radicalement différentes de celles qui ont lieu cette semaine contre les mesures de répression de l'immigration aux États-Unis.
Un groupe de recherche de l'Université de Toronto, qui suit les réunions des dirigeants mondiaux depuis 1998, affirme que son analyse montre que les manifestations canadiennes sont plus pacifiques et de moindre ampleur.
Toutefois, à l'instar des récentes manifestations à Los Angeles, elles seront probablement dirigées contre les politiques du président américain Donald Trump.
«Les manifestations de Los Angeles ajouteront un autre problème qui préoccupe déjà les manifestants qui s'y rendront, mais elles n'auront pas beaucoup plus d'impact», a déclaré John Kirton, directeur du G7 Research Group (groupe de recherche du G7).
«Je ne pense pas que cela attirera davantage de manifestants. Les manifestations de Los Angeles ne retarderont pas non plus la venue de Trump.»
Le premier ministre Mark Carney accueillera Donald Trump et les dirigeants de la France, de l'Allemagne, du Japon, du Royaume-Uni, de l'Italie et de l'Union européenne pour un sommet de trois jours qui débutera dimanche dans les Rocheuses, au sud-ouest de Calgary.
Les dirigeants de plusieurs pays non membres, dont l'Inde, l'Ukraine et le Mexique, devraient également être présents.
Ce sommet survient alors que des manifestations se poursuivent aux États-Unis contre les raids migratoires du président Trump, particulièrement la détention de migrants par son gouvernement.
Des centaines de militaires du Corps des marines ont rejoint environ 4000 soldats de la Garde nationale à Los Angeles. Les manifestations ont donné lieu à des affrontements avec la police, des voitures incendiées, des tirs de balles en caoutchouc sur des journalistes et des arrestations.
En Alberta, M. Kirton a indiqué que les manifestations pendant le G7 ne devraient pas être les mêmes.
«Dès le début, la mission distinctive (du G7) a été de promouvoir auprès de ses membres les valeurs d'une démocratie ouverte, a-t-il expliqué. Dans les démocraties, les gens sont censés manifester. C'est une partie intégrante.»
Il est peu probable que le gouvernement canadien réagisse à des affrontements comme Donald Trump en faisant appel à l'armée, a ajouté M. Kirton.
Le site isolé de Kananaskis sera fermé au public.
Des images et des enregistrements audio des manifestants dans trois zones de manifestation désignées par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) – deux au centre-ville de Calgary et une à Banff – seront diffusés aux dirigeants et aux autres délégués présents au sommet sur des écrans de télévision. Une autre zone à l'aéroport de Calgary ne sera pas diffusée.
M. Kirton a dit que la distance entre les responsables et les manifestants garantit le déroulement pacifique du sommet.
«Trump a été victime de deux tentatives d'assassinat, et l'une d'elles a failli le tuer. On comprend donc pourquoi la GRC doit être extrêmement vigilante», a affirmé M. Kirton.
Des grands-mères en colère s'opposent à Trump
Le groupe Calgary Raging Grannies (grands-mères en colère) prévoit être présent dans la zone de manifestation de l'hôtel de ville de Calgary dimanche après-midi.
Mary Oxendale-Spensley, 74 ans, a déclaré que les grands-mères seront loin de se déchaîner et d'affronter la police lorsqu'elles dénonceront les droits de douane du président Trump et son projet d'annexer le Canada.
«Nous avons bien l'intention de chanter», a prévenu l'enseignante à la retraite.
L'une de leurs chansons au programme: «États-Unis, vous avez un problème.»
La chanson qualifie le président américain de «tache orange» à cause de son bronzage, le qualifie de «trop excessif» et affirme: «Notre nation souveraine ne sera jamais la vôtre», a fait valoir Mme Oxendale-Spensley.
Il est essentiel que M. Trump entende leur message, a-t-elle ajouté, même s'il est diffusé sur un écran.
«Je suis Canadienne. J'étais Canadienne à ma naissance. J'ai l'intention d'être Canadienne à ma mort.»
Il est difficile de dire combien de grands-mères seront présentes à la manifestation, a-t-elle ajouté. «Mon principal reproche aux grands-mères, c'est que nous sommes des grands-mères. Les gens tombent malades, se cassent la cheville, ce genre de choses.»
Les manifestations lors du dernier Sommet du G7 à Kananaskis en 2002 se sont déroulées pacifiquement, a dit M. Kirton, car des zones étaient également désignées pour les manifestants.
«Je me souviens très bien qu'il faisait très chaud», a-t-il raconté, et qu'il n'y avait pas beaucoup de manifestants.
«Ils étaient si peu nombreux et c'était si pacifique que nous n'avons même pas pris la peine d'estimer leur nombre.»
Des manifestations sur l'Inde et les guerres
Outre les manifestations contre M. Trump, certains rassemblements devraient aborder d'autres questions, comme la fin de la guerre entre Israël et le Hamas et de la guerre de la Russie en Ukraine, a précisé M. Kirton.
Le chercheur a ajouté qu'il s'attend également à la présence de Canadiens qui souhaitent la séparation de l'Alberta du Canada, ainsi que de ceux qui s'opposent au premier ministre indien, Narendra Modi.
Les tensions sont vives entre le Canada et l'Inde depuis 2023, lorsque l'ancien premier ministre Justin Trudeau a déclaré à la Chambre des communes que des agents du gouvernement indien étaient liés au meurtre d'un militant canadien pour le séparatisme sikh devant un gurdwara à Surrey, en Colombie-Britannique.
L'Organisation mondiale des sikhs du Canada a soutenu qu'inviter le premier ministre Modi au G7 était inacceptable.
L'International League of Peoples' Struggle (Ligue internationale de lutte des peuples), une alliance internationale d'organisations locales, attend environ 200 personnes pour une manifestation également à l'hôtel de ville de Calgary.
Yasmeen Khan, vice-présidente de la section nord-américaine du groupe, a expliqué que les manifestants souhaitaient sensibiliser le public à divers enjeux, notamment les luttes autochtones, le logement et les changements climatiques.
«Nous aurons des banderoles. Nous chanterons, a-t-elle indiqué. Nous proposerons également des prestations culturelles d'artistes autochtones et de jeunes migrants.»
La GRC a dit que les premiers intervenants étaient prêts à composer avec les manifestations.
«Bien que le nombre de participants puisse varier, nous avons une bonne connaissance de la situation des manifestations prévues et sommes bien placés pour intervenir en conséquence», a déclaré Fraser Logan, porte-parole de la GRC.
Fakiha Baig, La Presse Canadienne