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Les producteurs de canola évaluent leurs options devant les droits de douane chinois

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1 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

Alors que les droits de douane chinois sur les produits canadiens du canola continuent de peser sur le prix au comptant de l'une des cultures les plus lucratives du pays, des experts agricoles affirment que les producteurs ont d'importantes décisions à prendre.

L'analyste de marché Chuck Penner, de LeftField Commodity Research, a déclaré que, malgré une légère baisse des prix à terme, le prix au comptant que les agriculteurs reçoivent pour leur canola, aussi appelé prix de base, est beaucoup plus bas.

Il a indiqué que cette baisse a entraîné des pertes d'au moins 140 millions $ pour les agriculteurs sur leur canola au cours des deux dernières semaines. Mais par rapport au mois de mars, lorsque la Chine a imposé des droits de douane de 100 % sur l'huile et le tourteau de canola, les pertes s'élèvent à 800 millions $, a-t-il indiqué.

«D'autres facteurs entrent également en jeu sur le marché, mais ce n'est qu'un aperçu rapide et concis», a expliqué M. Penner.

«(Les agriculteurs) n'apprécient pas cela et ont l'impression d'être sacrifiés pour soutenir les industries de l'est du Canada, que ce soit vrai ou non.»

Le coup porté à l'industrie canadienne du canola survient plus de deux semaines après que la Chine a imposé des droits de douane de 75,8 % sur les semences de canola canadiennes.

Les droits de douane de Pékin sur les semences de canola ont été perçus comme une réponse aux droits de douane de 100 % imposés par le Canada sur les véhicules électriques chinois.

Selon M. Penner, les agriculteurs prévoient cultiver du canola l'année prochaine, mais la quantité dépendra des forces du marché et de leurs pratiques de gestion des terres, appelées rotations des cultures.

Les producteurs changent les cultures qu'ils sèment chaque année pour gérer les nutriments du sol et limiter les maladies. Les agriculteurs des Prairies ont tendance à alterner les cultures oléagineuses, céréalières et légumineuses sur leurs champs, selon un cycle de trois ans.

«On ne peut pas simplement arrêter de cultiver une de ces cultures en gros, car c'est un système complexe», a précisé M. Penner. Les agriculteurs ont déjà connu des périodes de bas prix, mais ces fluctuations sont généralement liées à l'offre et à la demande, plutôt qu'à des décisions commerciales brutales.

«Sans la situation actuelle en Chine, les agriculteurs seraient en mesure de planifier et d'anticiper plus efficacement.»

Une culture rentable, mais coûteuse

Le canola est considéré comme une source importante de revenus agricoles pour les producteurs canadiens, mais il est aussi l'une des cultures les plus coûteuses.

Chris Davison, du Conseil canadien du canola, affirme que le canola a toujours été une culture productive et rentable.

«Nous allons certainement tout mettre en œuvre pour soutenir et créer les conditions qui permettront à cette culture de perdurer», a dit M. Davison.

«Une grande partie de notre travail consiste à garantir le fonctionnement optimal de nos marchés d'exportation et de la demande de graines, d'huile et de tourteau de canola canadiens.»

La Chine est le deuxième importateur de produits de canola du Canada, derrière les États-Unis.

M. Davison a dit que la récolte de canola de cette année s'annonce plus abondante que l'année dernière, ce qui pourrait créer des pressions supplémentaires si les droits de douane chinois persistent.

«Si la récolte est plus importante que prévu, nous perdrons alors le signal de demande pour le canola canadien. Cela pourrait certainement rendre les choses plus difficiles», a-t-il soutenu.

Un enjeu politique

La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, et le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, ont déclaré qu'Ottawa devrait abandonner ses droits de douane sur les véhicules 100 % électriques imposés à Pékin.

M. Davison a déclaré que cette mesure devrait faire partie des discussions entre la Chine et le Canada.

«Ce sont des enjeux politiques qui nécessitent une solution politique, a-t-il affirmé. Il est vraiment important que nous comprenions ce qu'il faudra pour résoudre le problème avant de déterminer les leviers que nous pouvons actionner.»

L'industrie du canola a contribué à hauteur de 43 milliards $ à l'économie canadienne l'an dernier et emploie environ 200 000 personnes.

Les droits de douane sur les graines de canola sont entrés en vigueur près d'un an après que Pékin a lancé une enquête antidumping sur cette culture.

Le ministère chinois du Commerce a soutenu que les entreprises canadiennes de canola pratiquaient le dumping sur le marché chinois, ce qui nuisait à son marché intérieur de l'huile de canola.

Ottawa et les agriculteurs ont nié tout dumping, affirmant que les exportateurs respectaient des règles commerciales fondées sur des règles.

Le Canada a indiqué que la Chine avait jusqu'au mois de septembre, date à laquelle l'enquête antidumping prendra officiellement fin, pour prendre une décision définitive concernant les droits de douane. La Chine peut prolonger ce délai de six mois.

En 2019, la Chine a restreint les importations de canola de deux entreprises céréalières après l'arrestation de Meng Wanzhou, une dirigeante d'entreprise chinoise, par le Canada.

Les Canadiens Michael Spavor et Michael Kovrig ont également été détenus en Chine quelques jours après l'arrestation de la directrice financière de Huawei.

Mme Meng et les deux Canadiens ont été libérés dans leur pays en 2021, et la Chine a levé son interdiction sur le canola l'année suivante.

Chuck Penner a souligné que la situation était différente cette fois-ci, car il n'y avait pas eu de droits de douane importants en 2019.

«Ce que nous pouvons retenir, c'est que les agriculteurs et l'industrie sont à la merci de la politique, a-t-il fait valoir. Ils ne peuvent pas y faire grand-chose.»

Jeremy Simes, La Presse Canadienne