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Ottawa est rassembleur, dit la ministre face au Bloc qui fait une comparaison à Trump

durée 06h00
12 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Le Canada est perçu comme un pays «rassembleur» en matière de lutte aux changements climatiques sur la scène internationale, assure la ministre fédérale de l'Environnement, Julie Dabrusin. Le député bloquiste Patrick Bonin croit, au contraire, qu'Ottawa s'isole en s'inspirant de l'administration américaine de Donald Trump.

Les élus se trouvent tous deux à Belém, au Brésil, pour prendre part à la Conférence des Nations unies sur le climat, la COP30, mais leurs impressions, elles, se situent aux antipodes.

«Nous avons vraiment eu un bel accueil. On a eu plusieurs rendez-vous avec les gens ici qui sont très excités de voir le rôle pour le Canada et (de voir) comment nous travaillons comme un pays rassembleur», a dit la ministre en entrevue avec La Presse Canadienne au sujet des premiers échanges qu'elle a eus avec les délégations d'autres pays.

M. Bonin est plutôt d'avis que la réputation du Canada en matière de climat est mise à mal sur la scène internationale.

Le député et ancien de Greenpeace estime que l'étoile du Canada pâlit depuis plusieurs années déjà, mais, selon lui, la tendance s'accélère depuis l'élection du premier ministre Mark Carney.

«M. Carney s'est présenté comme un grand leader climatique et, jusqu'à maintenant, c'est tout le contraire (...) et il prend davantage d'inspiration du côté de M. Trump que les autres États qui montrent de l'ambition dans la lutte climatique», a-t-il dit au cours d'un appel téléphonique.

Cette affirmation va beaucoup trop loin, déplore la ministre Dabrusin, qui souligne qu'elle n'est «pas d'accord du tout». «Je pense qu'ici, à la COP, dans toutes les conversations que moi j'ai eues et je suis assez certaine pour lui aussi, personne ne dit que le Canada fait un recul de même», a-t-elle répliqué au bout du fil.

Elle a soutenu que les différents intervenants rencontrés sur place comptent plutôt sur le Canada pour rassembler les différents pays autour de la recherche de solutions dans la lutte aux changements climatiques.

En voie de passer à côté des cibles

Les organisateurs de la COP30 souhaitent que l'événement se focalise sur la mise en œuvre de précédents accords, comme celui de Paris visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius au-dessus de la moyenne historique.

De nombreux scientifiques estiment désormais peu probable que les pays restent en dessous de ce seuil. Il n'en demeure pas moins que les pays ont pris des engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) en vertu de l'Accord de Paris.

La cible canadienne pour 2030 est de diminuer, d'ici 2030, les émissions nationales de GES d'au moins 40 % par rapport à 2005. L'objectif pour 2035 est une réduction d'au moins 45 %.

Un rapport publié l’an dernier par le commissaire fédéral à l’environnement, Jerry DeMarco, évaluait que le Canada était bien loin du compte. Selon les estimations du commissaire, les émissions canadiennes n’avaient baissé que de 7 % par rapport aux niveaux de 2005.

«Ce que le Canada fait maintenant, c’est un grand travail pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre», a dit Mme Dabrusin tout en reconnaissant qu'il reste beaucoup de travail à faire.

Néanmoins, elle félicite les «Canadiens» pour les progrès jusqu'ici réalisés. «En ce moment, nos émissions de gaz à effet de serre sont les plus basses depuis presque 30 ans», a fait valoir la ministre.

Le virage des États-Unis

Les États-Unis, depuis le retour de M. Trump à la Maison-Blanche, se sont à nouveau retirés de l'Accord de Paris. Ils ont mis la hache dans le financement d'initiatives climatiques et M. Trump a fait des commentaires climatosceptiques.

Les États-Unis ont rejeté dans l'atmosphère plus de dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre, provenant de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel que tout autre pays.

La Chine est aujourd'hui le premier pollueur de carbone, mais, comme le dioxyde de carbone reste dans l'atmosphère pendant au moins un siècle, les États-Unis en ont produit davantage.

Le gouvernement du Canada note, dans ses communiqués, qu'il a déboursé, depuis 2015, plus 8,7 milliards $ sur la scène internationale afin de contribuer à l'urgence climatique. Ottawa s'attend à ce que cela permette de «réduire ou éviter» 514 mégatonnes d'émissions d'ici à 2050 et aide 14,3 millions de personnes à s'adapter aux impacts des changements climatiques dans des pays en développement.

Les critiques du Bloc québécois à l'endroit du gouvernement de Mark Carney reposent sur ses décisions de faire marche arrière sur plusieurs initiatives nationales visant à lutter contre les changements climatiques.

La suspension de ce qui était communément appelé la «taxe carbone» en est un bon exemple. Cette mesure était un volet phare de la tarification fédérale du carbone qui se répercutait sur le consommateur puisqu'elle avait une incidence sur le prix de l'essence.

Le premier geste posé par M. Carney quand il a accédé au rôle de premier ministre a été de suspendre cette mesure de plus en plus impopulaire. Il a ensuite repoussé l'entrée en vigueur de réglementations visant à accroître la vente de véhicules électriques.

Patrick Bonin souligne aussi que M. Carney promet de faire du Canada une «superpuissance énergétique» en incluant, dans cette approche, le recours au pétrole. Cela laisse entrevoir une hausse de la production pétrolière et, incidemment, des émissions de GES.

«C’est à se demander s’il reste une conscience au sein de ce gouvernement-là parce que c'est, pour nous, complètement irresponsable de balayer la crise climatique sous le tapis sous prétexte de guerre commerciale et tarifaire avec M. Trump alors qu’il n’a jamais été aussi urgent d'agir», a-t-il dit.

Mme Dabrusin a dit ne pas comprendre pourquoi son gouvernement est la cible de telles critiques. Elle a énuméré d'autres actions prises par Ottawa, comme des réglementations en matière de méthane, un renforcement prévu de la tarification industrielle sur le carbone et des incitatifs verts visant le secteur de la défense nationale.

- Avec des informations de l'Associated Press

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne