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Percée dans la lutte contre les métastases

durée 11h01
13 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Il pourrait être possible d'empêcher le cancer colorectal de générer des métastases en bloquant l'activité de deux précurseurs de protéines, ont constaté des chercheurs montréalais.

La combinaison de ces deux invalidations, a-t-on assuré par voie de communiqué, produit «un effet synergique spectaculaire», permettant l’éradication des tumeurs primaires et des métastases hépatiques, sans toxicité observée.

«On fait deux choses: on diminue l'inflammation et on augmente l'efficacité du système unitaire à attaquer les tumeurs, a résumé l'auteur de l'étude, le professeur Nabil Seidah de l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM). Et en même temps, on va probablement garder les patients en vie plus longtemps.»

L'équipe du professeur Seidah a constaté, dans un premier temps, que l'inactivation de la proprotéine PCSK7 permet l'activation de cellules immunitaires capables de détruire les cellules cancéreuses.

De plus, les chercheurs ont découvert qu'en bloquant l'expression de la proprotéine PCSK9, on observe une baisse significative du cholestérol LDL ― ce qui est crucial puisque les tumeurs ont besoin de cholestérol pour survivre ― et une augmentation du niveau de certaines molécules à la surface des cellules, deux mécanismes essentiels pour permettre au système immunitaire d'attaquer la maladie.

«L'effet synergique de la perte des protéines PCSK7 et PCSK9 est probablement dû à leurs mécanismes d'action différents mais complémentaires sur le système immunitaire», expliquent les auteurs de l'étude.

En enlevant PCSK7, a complété le professeur Seidah, «on augmente les protéines de surface qui vont être reconnues par les cellules T (et) on augmente l'activité des cellules T à attaquer ces récepteurs-là».

Le cancer du côlon, a-t-il rappelé, sera souvent à l'origine de métastases au niveau du foie. L'inactivation de PCSK7 réduit de moitié le nombre de cellules tumorales qui arrivent au foie, a dit le professeur Seidah, et l'inactivation PCSK9 a le même impact.

«Mais quand on élimine les deux, il n'y en a plus», a-t-il applaudi.

Cette découverte, estime l'IRCM, pourrait marquer «un tournant» dans les traitements d’immunothérapie, en particulier contre les tumeurs solides métastatiques qui représentent plus de 90 % des décès liés au cancer.

Des résultats équivalents ont été observés dans des modèles murins et des cellules immunitaires primaires chez l’humain, rendant cette approche potentiellement transposable à la clinique dans un avenir rapproché.

Il pourrait aussi être possible d'appliquer cette même stratégie à d'autres tumeurs solides.

Malgré tous les progrès réalisés en immunothérapie depuis quelques années, rappelle le professeur Seidah, une chose demeure: les cellules T qu'on envoie attaquer le cancer finissent tôt ou tard par s'épuiser et par perdre de l'efficacité.

«Mais si on traite un patient et qu'elles peuvent durer beaucoup plus longtemps en l'absence de PCSK7, ça devient tout un bénéfice», a-t-il dit.

La prochaine étape consistera à tester cette stratégie face à d'autres cancers, «mais je crois que ça va beaucoup plus loin que ce qu'on dit, c'est vraiment un mécanisme général», a assuré le professeur Seidah.

«La question, c'est quelle sera l'efficacité chez l'humain?, a-t-il demandé. Pour le moment, il semblerait que dans les cellules humaines telles quelles, c'est extrêmement efficace. La prochaine étape maintenant, est-ce qu'on peut cibler ça vers la tumeur? Et ça, on va le voir.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le Journal for Immunotherapy of Cancer.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne