Déterrer le patrimoine qui dort
Du 16 juillet au 17 août, la cour arrière du Musée des Abénakis d’Odanak se transforme en un site de fouilles archéologiques. Experts et apprentis unissent leurs forces afin de découvrir les secrets d’un village fortifié construit vers 1704 aux abords de la rivière Saint-François.
Au terme de ces 5 semaines de recherches, les archéologues en chef, Geneviève Treyvaud et Michel Plourde, souhaitent être en mesure de délimiter le Fort d’Odanak, autrefois habité par quelque 500 autochtones. Pour ce faire, ils doivent creuser le sol à la recherche de ce qu’ils appellent des «trous de poteaux». Ces petites encaves sont des marques laissées par le bois dont étaient faites les habitations et la structure du village. Le bois s’étant décomposé, il ne reste maintenant que ces cavités, et des morceaux d’objets antiques, pour voyager à travers le temps et faire la lumière sur la vie que menaient ces habitants du XVIIIe siècle.
La directrice générale du musée, Michelle Bélanger, s’attend à ce que ce mois de recherches intensives soit fructueux autant sur les plans économiques et touristiques que d’un point de vue culturel et social. En effet, sept jeunes d’origine abénakise, tous résidants d’Odanak, participeront activement aux fouilles. Sous la supervision des experts, ils aideront à faire le nettoyage ainsi que l’identification des artéfacts déterrés.
«C’est intéressant pour eux parce qu’ils vont apprendre des choses sur leurs origines au fur et à mesure de l’aventure, explique Mme Bélanger. C’est une chance qu’ils ont de connaître, en primeur, des passages de leur histoire.» Se joignent aussi à l’équipe deux étudiants de l’Université Laval qui assisteront les professionnels.
Déjà quelques trouvaillesL’initiative a vu le jour en 2010. Depuis, Mesdames Bélanger et Treyvaud, de même que M. Plourde, ont travaillé fort pour tout mettre en œuvre. C’est grâce à une aide financière de plus de 200 000 $ de Patrimoine canadien et du Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine qu’ils peuvent afin de s’attaquer au cœur du projet : la recherche. Déjà, ils se réjouissent de constater qu’ils ont fait plusieurs trouvailles. Des perles de verre, des pierres à fusil et une pièce d’ardoise rouge en font partie. «Et on a juste creusé une vingtaine de centimètres, s’étonne Mme Treyvaud. J’ai hâte de voir ce qui se trouve plus loin.» En attendant, les curieux peuvent suivre les derniers développements de l’affaire en consultant le site Internet du musée (www.museedesabenakis.ca). Les archéologues en chef s’engagent à y publier un bilan de leurs activités à tous les deux jours. Si tout se déroule comme prévu, le projet se terminera l’an prochain avec la mise sur pied d’un nouveau programme éducatif sur l’archéologie. Celui-ci sera offert à toutes les écoles de niveaux primaire et secondaire à travers la province.
Week-ends archéologiquesLes 4, 5, 11 et 12 août, le Musée des Abénakis ouvrira ses portes gratuitement à la population à l’occasion de deux week-ends sous le thème de l’archéologie. Petits et grands pourront participer à des ateliers de simulation de fouilles et faire identifier leurs trésors à la Clinique d’artéfacts.
Le Fort d’OdanakLe village fortifié d’Odanak est le seul qui fut commandé par le roi de France à cette époque. Il a été bâti par des militaires français et abénakis au début du XVIIIe siècle afin d’offrir un abri aux autochtones nouvellement arrivés au Canada. À l’intérieur du fort se trouvaient principalement des maisons longues construites avec du bois. Attaqué en 1759 par les Anglais, le village fut déserté, puis les structures furent démolies.
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