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Histoire du commencement : récit mythologique des Hurons-Iroquois - partie 2

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24 octobre 2012
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Rappelons-nous que nous prenions part à la création des premiers hommes. Agohao, un de ces derniers se rendant compte de leur mortalité, décide de mettre au point un plan afin d’accéder au paradis.

En partageant ce projet avec ses frères, Agohao mit au point une ruse qui lui permettrait d’attraper les oiseaux pour qu’ils l’emportent avec eux jusqu’au paradis. Agohao se mêla aux algues qui flottaient au-dessus de l’eau et se fit passer pour mort. Lorsque les deux ancêtres furent à sa portée, il jeta sur eux un filet. Puis, il prit une corde, en attacha un bout aux pieds des oiseaux et lia l’autre bout à ses épaules. De cette façon, il sut maîtriser les ancêtres et les forcer à prendre la route du ciel.

Agohao découvre enfin le paysage étonnant du paradis. Il observe avec fascination les eaux transparentes, les formes fantastiques des racines, les couleurs chatoyantes et les lumières vives. Il voit des fleurs délicates, des fruits à la peau brillante et satinée qui pendent des arbres et des arbustes feuillus où percent les rayons dorés du soleil.

Soudain, un bruit parvient de derrière les arbres et Agohao s’immobilise devant l’apparition majestueuse de la femme céleste. Elle a une figure délicate, de longs cheveux noirs et brillants et sa robe blanche est ornée de plumes et de perles. Agohao est ému devant une telle créature. Après une brève présentation durant laquelle il apprend que la femme se nomme Atta, ils s’assoient ensemble et discutent des raisons qui ont amené Agohao au paradis. Ils parlèrent longtemps.

Puis, Agohao sortit de son sac en peau de loutre des provisions contenues dans des coquillages. Atta alla chercher des fruits et ils prirent alors leur repas de noces et mêlèrent les nourritures du ciel à celles de la terre.

Ils sont heureux, mais Atta est inquiète : Taronhiawagon lui a interdit le mariage. Ce dernier leur apparaît dans toute sa colère. D’une de ses grandes mains, il saisit Atta et la jette en bas du ciel, dans la mer immense. Agohao court alors vers l’attelage d’oiseaux et s’élance à la poursuite de son épouse.

Pendant ce temps, la Grande-Tortue se laissa flotter paisiblement sur l’eau. Quelle ne fut pas sa surprise de deviner dans le ciel la silhouette d’un humain! La mère des tortues ne perdit pas de temps et rassembla tous les animaux. Elle leur proposa de construire une île sur laquelle la fille du ciel pourrait tomber sans se tuer, ni même se blesser. Comme noyau de l’île, on prit la carapace de la Grande-Tortue.

Les oiseaux apportèrent algues, joncs, roseaux et plumes perdues. Les castors, les loutres et les rats musqués allèrent chercher du sable, des racines, des éponges et des coquillages dans le fond de la mer. La mer elle-même se mit à l’ouvrage et, à l’aide du vent, rassembla des tapis d’algues autour de l’île.

Atta tomba finalement, après avoir tenté en vain de s’accrocher aux nuages. En tombant sur l’île, elle ne se fit aucun mal, mais elle s’évanouit d’émotion. Elle resta étendue, immobile, sur l’île qui, beaucoup plus tard, serait appelée Amérique.

Taronhiawagon décida d’agrandir l’île sur laquelle Atta était tombée et que son paysage ressemblerait à celui du paradis, en moins parfait. Les hommes qui viendraient après Atta et le monde qui se formerait dans l’île auraient toujours la nostalgie du paradis perdu. La faute d’Atta semblerait irréparable.

Sur la terre, Atta change. Elle conserve sa beauté, mais la tranquillité de son âme ne se voit plus dans ses yeux. Elle se nourrit de serpents et de vipères. Son cœur devient méchant. Elle sera cruelle avec les hommes, ses enfants, et causera leurs malheurs. C’est pourquoi les hommes l’ont appelé Attahentsic, qui veut dire Atta-la-Noire.

Agohao et Attahentsic n’ont eu qu’une fille. De cette dernière, deux fils sont nés : Jouskeha et Tawiscaron. Sur l’île, les deux frères vivent heureux. Ce sont eux qui ont fabriqué les premiers tomahawks, avec les premières pierres apparues sur la terre. Avec ces jouets, les deux frères s’amusent à simuler des combats, mais Jouskeha tue Tawiscaron et comprend que ce sont des armes dangereuses.

Malgré ce meurtre involontaire, Jouskeha est devenu le père des Hurons et des Iroquois et protège les hommes. Il leur apprit à allumer du feu. Il est le dieu des moissons et se son palais situé dans le soleil, il ouvre et ferme les écluses de la pluie. Il est également le dieu de la guerre; lorsqu’ils partent pour le combat, les hommes l’invoquent sous le nom d’Areskoui.

Jouskeha règne sur le jour, mais la nuit appartient à Attahentsic. Comme son petit-fils, elle s’occupe des hommes, mais c’est pour les persécuter et les faire mourir. Son palais se trouve dans la lune. Elle en descend la nuit pour venir chercher des mânes (âmes des morts) et peupler son royaume.

Mais d’Atta, puis de Jouskeha descendent tous les hommes et ces derniers portent en eux le souvenir imprécis d’un paradis peut-être perdu à jamais. Ils se souviennent aussi de leurs premiers parents. Ils se souviennent d’Atta à cause des malheurs qu’elle leur cause, et de Jouskeha, à cause du bien qu’il leur rend. Et c’est parce qu’ils se souviennent d’Agohao et de la Grande-Tortue que les Hurons-Iroquois sont formés de deux grandes familles : la famille du Loup et la famille de la Tortue.

Ils étaient heureux, car ils ne savaient pas encore que vivre, c’était aussi vieillir et mourir. C’est une chose difficile à comprendre pour ces hommes qui voyaient chaque chose renaître au printemps. Pour eux, leurs cheveux étaient devenus gris par l’action de Matcomeck, le dieu de l’hiver. Pourtant, ils finissent par se rendre compte que leurs membres sont de moins en moins forts et de moins en moins agiles, que leurs yeux voient moins loin qu’avant et moins clair aussi. La mort d’autres animaux ne leur laisse plus de doute sur leur sort. Ils sont tristes de savoir que ni leur force, ni leur vie ne sont éternelles. Ils sont tristes surtout parce qu’ils n’ont pas de descendants.

Agohao, un des six hommes, se souvint alors qu’un jour, alors qu’il chassait, il avait abattu d’une flèche un énorme serpent de mer. Ce dernier devint la proie des oiseaux qui se jetèrent sur lui pour le dévorer. Parmi eux, Agohao remarqua de grands oiseaux qui parlaient. Il comprit alors que ceux-ci étaient des ancêtres et il les écouta attentivement. Ils parlaient d’un paradis se trouvant au-dessus du ciel; un endroit qui rendait le bonheur parfait et où un être semblable aux hommes avait été placé là par Taronhiawagon et qu’il avait appelé « femme ». Agohao se dit que, par n’importe quel moyen, il devait se rendre à cet endroit et trouver la femme qui, peut-être, connaissait plus de choses que lui sur l’homme et sur la vie.

La collection du site Mandeville se retrouve en grande partie en exposition au Biophare.

Mylène Bélanger, archiviste en chef, Société historique Pierre-de-Saurel

www.shps.qc.ca

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