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Des esclaves à Sorel ?

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20 février 2013
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« La seule différence entre l'esclave et la vache, c'est que le Panis (esclave amérindien) vaut cinq fois la vache. » Voilà comment l’historien Marcel Trudel décrit l’esclavage québécois du XVIe au XVIIIe siècle. Les mots sont durs, mais un esclave n’était effectivement rien d’autre qu’un bien meuble devant la loi…

Peu ancré dans notre mémoire collective – possiblement parce qu’il ne s’est jamais institutionnalisé comme chez nos voisins américains –, l’esclavage fait pourtant partie de l’histoire du Québec. Bien que l’on y retrouve la présence d’esclaves dès les premières années de la Nouvelle-France, sa pratique ne se généralise que lors de la décennie 1680 environ et tend à disparaître au cours des années 1810-1820. Elle connaîtrait toutefois un déclin rapide à partir de 1793, soit après que le lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, John Graves Simcoe, ait émis des doutes sur sa légalité.

L’esclavage est officiellement aboli en 1834, et ce, à travers l’Empire britannique. Parmi les quelque 4200 esclaves recensés dans la vallée laurentienne au cours de ces années, 18 ont été retrouvés à… Sorel (neuf Amérindiens ou Panis et neuf Noirs) ! Cela n’a rien de bien secret, puisque l’abbé Azarie Couillard-Després en parle de façon très succincte dans son <@Ri>Histoire de Sorel<@$p> en 1926. Avouons, toutefois, que lorsque l’on parle de l’importance de connaître nos racines historiques, ce ne sont pas vraiment à celles-ci que nous pensons ou que nous mettons à l’avant-scène…

La prudence reste de mise lorsque l’on parle des esclaves sorelois, puisque nous n’avons que quelques bribes d’information à leur sujet. Par exemple, il y a le cas de Jean-Baptiste Courchaîne, qualifié d’esclave panis, mais qui marie néanmoins une veuve canadienne, Marguerite Lafond dit Mongrain. Ensemble, ils ont huit enfants, dont trois étaient désignés comme des Panis. Celui de Jean-Baptiste Querry est aussi intéressant, puisque son maître, le commerçant François Dunoyet, l’affranchit et lui lègue ses biens.

Les esclaves panis semblent avoir été présents à Sorel durant la période française (1665-1760), alors que ceux noirs, à l’exception d’un cas, apparaissent lors du Régime anglais (1760-1834). On sait que les Ramezay, seigneurs de Sorel, ont eu des esclaves, mais cette famille ne vivait pas dans la seigneurie. L’agent seigneurial, François Corbin, possédait quant à lui une esclave prénommée Angélique-Anne.

Au moment du recensement de 1784, alors que Sorel connaît le mouvement loyaliste, les quelques esclaves sorelois ont été oubliés et cela cause certains problèmes pour la distribution de leurs rations. L’historien Walter S. White a cité un extrait de correspondance où l’on constate que les autorités locales sont bien peinées de cette situation… pour les propriétaires. « De s'en défaire n'eut fait qu'ajouter à leur détresse, car c'était le seul moyen de cultiver leur terre, ils espèrent que Son Excellence (le gouverneur) prendra ces faits en considération ».

De son côté, le révérend de Christ Church, John Doty, qui attend aussi l’arrivée de sa mère et de son fils, tient à informer les autorités que le « garçon nègre » qu’il vient d’acheter avait droit à des provisions depuis son arrivée au Canada et qu’il espérait bien que ce dernier puisse les conserver.

Comme les esclaves étaient des biens meubles, les aubergistes Paterson ont pu ainsi laisser une jeune esclave de 12 ans à Elizabeth Chantler, épouse de l’interprète Alexander Bisset, pour se libérer de leur dette de 40 livres. De l’esclave de François Dunoyet à celui des Paterson, ils semblent donc que les esclaves de Sorel aient connu des réalités différentes, qui demandent encore à être mieux étudiés.

Pour en savoir plus à ce sujet, consultez les ouvrages suivants de Marcel Trudel : Deux siècles d’esclavage au Québec (disponible à la bibliothèque Le Survenant) et Dictionnaire des esclaves et de leurs propriétaires au Canada français. Visitez aussi la page Facebook de Société historique Pierre-de-Saurel.

Mathieu Pontbriand, Société historique Pierre-de-Saurel, www.shps.qc.ca

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