Pour souligner la Journée internationale de la femme, qui a lieu aujourd'hui, je vous propose de rencontrer Lorraine Cartier, une Soreloise ayant participé à l’évolution de la condition des femmes au pays. Née en 1919, elle est la fille de George-Étienne Cartier, arpenteur.

Lorraine Cartier est d’abord connue dans la région pour ses exploits sportifs, plus particulièrement en régate, c’est-à-dire en courses de vitesse entre plusieurs bateaux, généralement des voiliers. Lors des régates de Sorel de 1937, elle se classifie au peloton de course d’aquaplanes, l’ancêtre du ski nautique.

Au courant de la Deuxième Guerre mondiale, un moment important dans l’histoire des femmes se dessine. En effet, on crée le Service féminin de l’Armée canadienne. Les précédents étaient rares : avant 1939, des Canadiennes avaient servi comme infirmières lors de la Rébellion du Nord-Ouest, de la guerre des Boers et de la Première Guerre mondiale.

En 1941, la diminution des réserves de main-d’œuvre masculine et deux années de défaites des Alliés ont contribué à changer les mentalités, mais c’est surtout l’inquiétude face à la pénurie d’effectifs dans les forces canadiennes en expansion rapide qui ont eu raison des derniers doutes à Ottawa concernant le service militaire féminin. Les femmes pouvaient remplacer les hommes dans les tâches non combattantes, libérant des soldats qui pouvaient ainsi aller servir au front. Tout ceci contribua à la mise en place du Service féminin de l’Armée canadienne.

Les campagnes de propagande diffusées à l'échelle du pays encourageaient les femmes à s'engager dans les forces armées, y compris le Canadian Women's Army Corps, le Service féminin de l'Armée canadienne. Notamment, on rappelait le devoir des femmes de servir leur pays et on les invitait à s'enrôler dans le service féminin de l'Armée canadienne en soulignant les avantages du travail dans l'armée par comparaison avec celui dans la vie civile.

Prédisposée à la discipline vu ses antécédents sportifs, et fort probablement inspirée par ses lectures sur les femmes pionnières de Wheatland County en Alberta, Lorraine Cartier s’enrôle dans l’armée en 1942. Elle est la première Soreloise à faire partie de l’Armée canadienne et suit son entraînement à Montréal.

Bien que méconnue dans la région, on ne peut qu’affirmer le statut important qu’a donné Lorraine Carier à la femme de l’époque. À travers le temps, Sorel a continué à fournir à la cause des femmes de nombreuses Soreloises : Georgette Carpentier est la première femme commissaire d’école à Sorel en 1967; Lise Proulx-Morgan est la première femme candidate aux élections générales du comté de Richelieu en 1968; la même année, Georgette Gendron, Soreloise, devient la première gérante à la Banque Royale du Canada de Longueuil; Marielle Lambert est la première femme au conseil de la paroisse en 1982 et Lucie Poirier, originaire de Saint-Joseph-de-Sorel, est la première femme policière dans un corps municipal sorelois en 1983; pour ne nommer que celles-là.

Soulignons également la nomination de la première femme députée de Richelieu, Élaine Zakaïb, en septembre dernier. Même si ce sont tous des évènements qui ont eu lieu dans la région même, il y a lieu de penser que toutes ces petites actions ont eu des répercussions sur le statut de la femme au Québec.

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Mylène Bélanger, archiviste en chef à la Société historique Pierre-de-Saurel

www.shps.qc.ca.