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Tourner en carré

durée 00h00
19 mars 2013
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D’aussi loin que je me souvienne, il y a toujours eu une patinoire au carré Royal. J’y suis allé lorsque j’étais enfant et j’y suis retourné avec les miens, prolongeant ainsi le grand cercle –ou carré – patrimonial d’une tradition soreloise, comme aller glisser au pont.

Tout commence par le vestiaire, situé sous le pavillon, dont la petitesse force une promiscuité à laquelle nous ne sommes pas habitués. Vient ensuite la lente escalade du petit escalier pour atteindre la patinoire. Puis, le tour d’essai qui permet de dégourdir nos jambes et de repérer les endroits où la glace est douteuse pour, finalement, patiner librement avec le plaisir de glisser dans un des plus beaux décors qui soient !

Alors que toute ma petite famille de quatre enfants patine joyeusement, et laborieusement, autour du parc, mon instinct professoral prend lentement le dessus. Comment ne pas parler de l’importance historique du lieu où l’on se trouve !

Au premier tournant, j’entame mon exposé en disant que cet endroit a été créé par la garnison britannique, au début des années 1780. À cette époque, les colonies américaines se battaient pour leur indépendance et le gouvernement britannique voulait accueillir les Loyalistes, colons restés fidèles à la couronne anglaise. Le gouverneur Haldimand acheta ainsi une partie de la seigneurie de Sorel pour eux et amena une garnison britannique, de même que des mercenaires allemands pour protéger le territoire. Il fallait donc avoir un endroit propice à l’entraînement des soldats.

Quelques coups de patins plus loin, j’avais perdu mes deux plus jeunes ! Leurs courtes pattes ne leur permettaient pas de suivre ma cadence. Je poursuivis tout de même avec mes deux filles en expliquant que le gouverneur avait donné le mandat de faire un plan de ville qui inclurait une place d’arme au major John French, ingénieur, et à Samuel Holland, arpenteur général.

Ceux-ci planifièrent alors la ville telle qu’on la connait aujourd’hui : rues alignées, pâtés de maisons de même grandeur, espace militaire au cœur de la ville et noms de rue britanniques (Queen, King, Prince, Augusta, Georges, Charlotte, Elizabeth, Sophia – qui deviendra Hôtel-Dieu plus tard – et Victoria).

Au troisième coin, ne restait plus que ma plus vieille, mon autre fille ayant abandonné, étourdie tant par mes propos que par sa chute dans un banc de neige. Elle me demande la raison pour laquelle on nomme cet endroit le carré « Royal ». Bien simple : c’est à la suite de la visite du Prince William Henry, héritier du trône d’Angleterre (qui deviendra William IV). Ce dernier visita les troupes et on changea le nom du lieu pour « Royal Square ». La ville avait même changé de nom à l’époque pour adopter celui du Prince visiteur !

Le carré Royal était donc un carré en terre battue servant de lieu d’entraînement, sans arbre ni verdure. Au 19e siècle, après le départ des troupes allemandes et britanniques, on transforma le lieu en parc urbain, y plantant des arbres et traçant des sentiers rappelant le drapeau britannique.

Il fut même un temps où le parc était clôturé pour le protéger, car les gens qui venaient au marché laissaient leur bétail en liberté dans la ville. Les bêtes, affamées, allaient manger l’herbe du parc. Cette mesure fut temporaire puisqu’elle empêchait les gens de profiter du parc, comme quoi les clôtures et le parc n’ont jamais fait bon ménage.

Arrivé à la fin de ce premier tour du parc, je conclus en disant que le carré Royal fut classé site historique en 1961. Un pavillon central fut construit en 1869 pour présenter des spectacles de musique des différentes harmonies de la région. Il fut rénové en 1940 lors de l’ajout de lampadaires et de bancs et servit de scène pour les débuts du Festival de la gibelotte.

De retour au point de départ, après avoir tourné en carré, je réalise que j’étais seul. J’étais tellement absorbé par mon exposé que je n’avais pas remarqué que ma plus vieille s’était arrêtée, exténuée par le bourdonnement de mes propos. Je vois alors au détour ma douce moitié et mes enfants, mains dans les mains, glisser lentement vers moi. En me joignant à eux, sourire aux lèvres, je compris que les meilleurs souvenirs de ce lieu n’étaient pas ceux du passé, mais bien ceux que l’on vit en ce moment…

Visitez la page Facebook de la Société historique Pierre-de-Saurel.

Patrick Péloquin, Société historique Pierre-de-Saurel, www.shps.qc.ca

commentairesCommentaires

2

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  • C
    Christine
    temps Il y a 11 ans
    très intéressant, cette petite histoire du Carré royal.
  • CP
    Claude PROULX
    temps Il y a 11 ans
    Que de beaux souvenirs, durant plusieurs années à partir d'avril 1953 alors que j'étais Douanier, je travaillais au deuxième étage de l'ancien Édifice des Postes et Douanes, et de mon bureau je voyais constamment le Parc Royal, là où nous allions durant l'été manger nos p'tites sandwiches le midi. Et, les vendredis soirs nous y prenions des marches pour rencontrer les belles Sorelloises.... vous souvenez-vous ?... Doris, Diane, Germaine, Carole, Carmen, Françoise, et les autres belles !!! CLAUDE

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