Le poète, une espèce en voie de disparition?

Par Marilyne Champagne
La poète, romancière et nouvelliste originaire de Sorel-Tracy, Élise Turcotte, sera l'invitée d'honneur du 14e Festival de la poésie de Montréal. Pour la prolifique auteure, dont les livres sont traduits en anglais, en espagnol et même en catalan, ce festival se veut une occasion privilégiée d'entendre, de voir et d'entendre parler de poésie.
Or, la poésie se fait plutôt rare et discrète dans l'espace médiatique actuel, si bien qu'on a parfois l'impression qu'elle a été reléguée à un temps passé. Pour l'écrivaine, qui est également enseignante en création littéraire au cégep du Vieux-Montréal, la poésie est pourtant bien vivante.
« La poésie a toujours occupé une place importante dans le monde littéraire et dans la cité, malgré le fait qu'on en parle peu dans les médias. Ce n'est pas parce que les poètes sont absents des journaux qu'ils n'existent pas. »
Les jeunes et la poésie
Auprès de ses étudiants, elle constate que la poésie est un style littéraire qui séduit beaucoup les jeunes. Elle s'étonne d'ailleurs un peu de ce choix, croyant que les jeunes privilégieraient d'autres styles littéraires.
L'enseignante contredit le préjugé voulant que les jeunes écrivent et parlent un mauvais français. « Je constate que le niveau est élevé depuis quelques années. Lors de la crise, les leaders étudiants s'exprimaient dans un français impeccable et étaient très articulés. »
Dans un même ordre d'idée, elle considère la poésie comme étant « un acte de résistance, en marge du discours politique ambiant », tant pour les écrivains, que pour les lecteurs.
Nouveau livre en septembre
Élise Turcotte a publié plusieurs recueils de poésie, dont La voix de Carla (VLB, 1987) et La terre est ici (VLB, 1989), qui lui ont valu tous les deux le prix Émile-Nelligan, Sombre ménagerie (Noroît, 2002, Grand prix du Festival international de la poésie 2002) et Ce qu’elle voit (Noroît, 2010, finaliste au Grand Prix du livre de Montréal).
En plus du Festival de la poésie, l'écrivaine travaille actuellement sur plusieurs projets, dont le lancement d'un nouveau livre, en septembre prochain, Autobiographie de l'esprit, aux éditions La mèche. L'œuvre met de l'avant le mélange des genres en proposant à la fois des poèmes et des rêves, ainsi que des essais et des textes de fiction. L'auteure parle d'une « réflexion éclatée » sur son métier d'écrivaine. Elle rêve également qu'un minifestival de la poésie puisse voir le jour à Sorel-Tracy.
Bien que l'auteure ait quitté la région en très bas âge, Sorel-Tracy fait partie intégrante de sa vie et a toujours été une inspiration pour elle. « L'eau et le fleuve occupent une place importante dans mes œuvres. J'ai enseigné Le Survenant de Germaine Guèvremont et je me suis intéressée de près à son histoire. On vient du même territoire. Il vient un âge aussi où on est tenté de comprendre d'où tu viens… »
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