Sorel assiégée – partie II
Les Français semblent donc miser sur une défense bien organisée, dont le curé de Saint-Pierre, Joseph-Hippolyte Filiau, serait le principal ingénieur.
Par contre, Bourlamaque est loin d’être satisfait des hommes sur lesquels il doit miser. Au moment de l’arrivée de la flotte ennemie, il dit compter sur 700 soldats, dont 350 miliciens « de mauvaise volonté ».
De leur côté, les Britanniques les trouvent plutôt « infatigables ». Selon la correspondance avec son supérieur, l’officier français est aux prises avec un grave problème de désertion de la part des Canadiens. De leur côté, les chefs britanniques cherchent, quant à eux, à éviter toute discorde avec les habitants des environs.
La flotte de Murray tient le siège devant Sorel du 13 au 18 août 1760. Le deuxième jour du siège, on bombarde même la bourgade. Au matin du dernier, elle lève les voiles pour, finalement, faire débarquer ses troupes à Verchères. Ce n’est toutefois pas la fin de ce récit pour Sorel.
Murray, constatant que les Sorelois ne sont toujours pas retournés dans leur foyer et n’ont pas rendu leurs armes, décide – à son grand regret selon ses dires – de les punir et d’en faire un exemple pour ceux qui seraient tentés de les imiter. Le futur gouverneur envoie donc un corps de soldats, mené par le baron Andrew Rollo, effectuer un raid punitif.
Les soldats anglais débarquent ainsi à un mille en dessous de Sorel au cours de la nuit du 21 au 22 août, incendient plusieurs maisons et saccagent une partie de la paroisse. Selon Bourlamaque, ils s’en sont pris aux domiciles « dont les habitants étoient avec [ses] troupes, et épargné celle des fuyards ». Ils tentent aussi d’engager le combat, mais voyant que ses adversaires restent retranchés, Rollo décide de faire rembarquer ses troupes. En fait, il se trompait : mises au courant du débarquement, les troupes françaises s’étaient repliées sous l’autorité d’un certain Bellot (Bourlamaque n’était plus à Sorel depuis le 19 août)…
À la suite de cette opération, les soldats français reviennent à leur poste, mais les Sorelois qui combattaient à leurs côtés retournent dans leur foyer. Bourlamaque fait remarquer qu’ils « avoient très bien servi jusqu’à cette heure ».
Les Français semblent conserver le contrôle de la bourgade, puisque le 26 août, on apprend que les Sorelois n’ont pas rendu leurs armes aux Anglois, car « on les en avoient empêchés, et qu’ils ont été obligés de s’en tenir à l’intention ». Ils n’ont, toutefois, plus celui des Cent-Îles et des voies de navigation. Le site n’a alors plus aucune importance stratégique, ce qui explique probablement la levée du siège dès le 18 août.
La capitulation de Montréal, le 8 septembre 1760, marque la fin de ces mouvements militaires et vient confirmer la défaite des Français sur le front nord-américain de la guerre de Sept Ans.
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