Accident mortel chez Kildair : des installations déficientes

Par Sébastien Lacroix
Une gestion déficiente quant aux travaux de retrait des câbles électriques est l’une des causes de l’accident qui a coûté la vie à André Vidal, le 13 août 2012, alors qu’il s’est électrocuté en faisant des travaux dans un bâtiment de Kildair Service, à Sorel-Tracy.
Selon le rapport d’enquête rendu publique le 30 avril par la Commission de santé et de sécurité au travail (CSST), il aurait fallu mieux identifier les dangers et mettre en place des mesures pour éliminer les risques.
Au moment de l’accident, le travailleur effectuait seul des travaux de démantèlement de câblage électrique et devait se déplacer sur un chemin de câble situé à 1,29 mètre sous le plafond.
Comme ce chemin était encombré, l’électricien a trébuché en enjambant un tuyau métallique et est tombé sur un luminaire fluorescent. Des câbles électriques dénudés à l’intérieur du luminaire ont touché au boîtier métallique et celui-ci s’est aussitôt mis sous tension. Comme les câbles étaient abîmés, la mise à la terre n’a pas fonctionné et le travailleur a été électrocuté.
L’homme de 55 ans a par la suite été trouvé inconscient, et transporté d’urgence en ambulance vers l’Hôtel-Dieu de Sorel, mais son décès a rapidement été constaté.
La compagnie s’explique
Le directeur général de Kildair Service de Sorel-Tracy, Daniel Morin, est revenu sur les circonstances entourant la mort du travailleur de l’entreprise Conrad Lavoie (1983) inc., un sous-traitant de l’entreprise.
D’abord, Kildair ne connaissait pas les lieux de fond en comble étant donné que le bâtiment où s’est produit l’accident avait été acquis par l’entreprise depuis seulement sept mois pour y installer sa salle de pompes.
« Nous l’avions acheté d’Hydro-Québec qui l’opérait dans le cadre de la centrale thermique en même temps que le terrain et les réservoirs pour combiner avec nos opérations », rappelle M. Morin.
Lorsque Kildair a pris possession du bâtiment, la compagnie n’a pas mis l’accent sur le système d’éclairage. « Il y avait du travail à faire pour désaffecter le bâtiment et le rendre sécuritaire, rappelle le directeur général. Nous nous sommes concentrés sur les pompes et la tuyauterie pour rendre le bâtiment sécuritaire, mais pas sur les néons qui éclairaient les lieux. C’est comme quand tu achètes une voiture, tu ne portes pas nécessairement attention au coffre à gant. »
Des correctifs apportés
Après les événements tragiques qui se sont produits en août 2012, la CSST a fait condamner les lieux et ordonné à Kildair de les rendre sécuritaires avant de pouvoir y poursuivre ses opérations.
Kildair a aussitôt remis à neuf son système d’éclairage et sécurisé les lieux pour s’assurer d’éliminer les risques pour les travailleurs. « Nous ne pouvions pas accéder à la salle des pompes tant que ce n’était pas sécurisé. Il a fallu apporter les correctifs nécessaires pour pouvoir y retourner. »
Aucune évaluation des dangers
Par ailleurs, l’enquête a démontré que la gestion de la santé et de la sécurité entourant les travaux de retrait de câbles électriques, qui aurait dû être effectuée par l'entreprise Conrad Lavoie, était déficiente.
L’enquête conclut qu'aucune évaluation des dangers relatifs au retrait des câbles n’a été effectuée, empêchant ainsi d’établir une méthode de travail sécuritaire. La CSST a d'ailleurs condamné l'employeur d'André Vidal à payer une amende variant entre 15 000 $ et 60 000 $.
La CSST insiste sur l’importance de bien planifier les travaux de nature électrique, puisque 19 travailleurs ont perdu la vie par électrocution entre 2008 et 2012.
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