Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Scène québécoise

La Loi sur les personnes dangereuses en raison de leur santé mentale sera revue

durée 16h15
17 mai 2023
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne

Québec cherche à raffiner l’un des outils qui font en sorte qu’une personne dangereuse en raison d’un état mental instable peut être soumise à une garde préventive contre son gré.

Cet outil, c’est la loi P-38, intitulée «Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui», dont le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a annoncé mercredi une révision en profondeur.

«Depuis toujours, on entend les mêmes plaintes et je crois que la prochaine étape, c'est l'étape actuelle. (...) C'est le bon moment pour le faire», a affirmé le ministre Carmant. 

La loi P-38 ne relève pas du Code criminel et est complètement distincte des démarches de la Commission d’examen des troubles mentaux (CETM) pour évaluer, notamment, la possibilité de remettre en liberté ou non des personnes ayant posé des gestes criminels pour lesquels ils ont été reconnus non criminellement responsables. La question de l’évaluation de ces personnes, dont l’une trouvée non criminellement responsable d’actes violents à cinq reprises a assassinée la policière Maureen Breau en mars dernier à Louiseville, relève d’une autre loi, bien qu’elle touche également à la libre circulation ou non de personnes dangereuses en raison de leur état mental.

Pour éviter la plainte criminelle

En ce qui concerne la loi P-38, celle-ci peut, par exemple, être invoquée dans le cas où un individu a fait des menaces de mort à un proche qui ne souhaite pas porter plainte au criminel. L’individu en question peut alors être conduit contre son gré à l’hôpital en garde préventive et soumis à une évaluation psychiatrique de 72 heures qui déterminera s’il doit demeurer sous observation ou en détention à l’hôpital. 

La révision de cette loi a été confiée à l’Institut québécois de réforme du droit et de la justice dont le président, Pierre Noreau, a dit croire qu’il faudrait au moins 18 mois, sinon davantage, pour que les experts mandatés puisent analyser l’abondante littérature de recherche liée à l’application de la loi avant de mener ensuite des consultations auprès d’experts, de juristes et d’autres intervenants impliqués.

Pour M. Noreau, il faut «prendre le temps qu’il faut» puisque le groupe de travail amorce sa démarche sans idées préconçues. «On ne tient pas pour acquis que la loi P-38 est nécessairement mauvaise. La question, c'est souvent comment les lois sont mises en oeuvre. On ne peut pas improviser des amendements à une loi sur le coin d'une table.»

«Un équilibre délicat»

Lionel Carmant reconnaît que d’assurer la protection du public tout en respectant les droits représente «un équilibre délicat» à atteindre. «La finalité de cette loi, c'est d'assurer la sécurité des personnes dont l'état mental présente un danger, mais aussi de bien encadrer le recours à cette mesure d'exception», dit-il.

La révision de la loi P-38 est accueillie «avec beaucoup d’espoir» par le Réseau Avant de Craquer, qui représente une cinquantaine d’associations de familles en santé mentale. Dans un communiqué publié en marge de cette annonce, le Réseau rappelle que les familles des personnes atteintes de troubles graves de santé mentale «doivent souvent faire une démarche judiciaire pour obtenir une garde en établissement, en espérant que cela donne un accès rapide aux soins», mais que si ces personnes ne présentent pas un danger grave et immédiat et refusent des soins, «elles sont retournées à la maison. Cette situation accentue la détresse et nourrit les tensions familiales.»

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne

commentairesCommentaires

0

Pour partager votre opinion vous devez être connecté.

RECOMMANDÉS POUR VOUS


3 Québécois sur 4 seraient contre la hausse du salaire des députés, selon un sondage

Trois Québécois sur quatre seraient contre la hausse de 30 % du salaire des députés, suggère un nouveau sondage Léger réalisé à la demande de Québec solidaire (QS). Le coup de sonde a été mené en ligne auprès de 1006 Québécois, du 26 au 29 mai. Il suggère que seulement 20 % des répondants sont totalement d'accord (6 %) ou plutôt d'accord (14 ...

Haine en ligne: un projet de loi promis depuis des années déposé d'ici l'automne

Les libéraux de Justin Trudeau déposeront leur projet de loi promis de longue date pour contrer le contenu préjudiciable en ligne au plus tard à l'automne prochain, soit plus d'un an après avoir reçu les recommandations d'un groupe d'experts. Après avoir évité, à plusieurs reprises durant les derniers mois, d'évoquer un échéancier précis, le ...

Plus de 3,6 M$ pour soutenir les personnes autistes sur le marché du travail

Québec débloque plus de 3,6 millions $ afin de soutenir l'insertion et le maintien en emploi de personnes vivant avec un trouble du spectre de l'autisme.  Les dix premiers projets qui bénéficieront de cette enveloppe ont été dévoilés lundi matin et se partageront environ 1,2 million $.  La ministre de l'Emploi, Katrine Champagne Jourdain, en a ...