Commission d'enquête Gallant
SAAQclic: des risques liés aux coûts identifiés dès 2018 par une équipe des finances

Par La Presse Canadienne
Une direction des finances de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) avait identifié dès les débuts de la transformation numérique des risques possibles pouvant entraîner des dépassements de coûts.
C'est ce qui a été révélé lundi devant la commission Gallant. L'enquête publique se penchant sur le fiasco SAAQclic a entendu une ancienne gestionnaire du département des finances de la SAAQ, Francine Lépinay.
Son équipe avait préparé en 2018 un plan identifiant les risques et des mesures de contrôle en lien avec le contrat pour le projet informatique nommé CASA.
Ce document avait été présenté au comité de direction de la société d'État et devait servir à éviter des angles morts au cours du projet.
Le document avait «bien identifié» tous les risques possibles qui se sont finalement concrétisés sur le plan budgétaire, a analysé la procureure de la commission d'enquête, Me Marie-Claude Sarrazin.
Mais l'équipe du contrôle organisationnel de la SAAQ a-t-elle pu mettre en place les mesures de contrôle prévues au plan?, a demandé Me Sarrazin.
Mme Lépinay a témoigné notamment que son département était informé des ajustements au contrat seulement après coup. Il y avait une grande autonomie du bureau de projet, a dit celle qui a été directrice générale des finances et ensuite vice-présidente aux finances, avant de prendre sa retraite en octobre 2024.
«Le suivi des coûts était fait au niveau du bureau de projet. Lorsqu’on demandait des informations, on nous les donnait, puis, quand il y avait des redditions de comptes, on avait la documentation. On n'avait pas de la difficulté, mais souvent on les avait un peu tard», a déclaré Mme Lépinay.
Me Sazarrin lui a fait remarquer que cette situation pouvait empêcher de prendre des actions pour «éviter des dépenses, éviter des transferts d'argent qui seraient inadéquats ou des facturations de taux horaire qui ne respectent pas le contrat».
Mme Lépinay a soutenu que de la «rétroaction» pouvait être faite si des erreurs étaient dénotées après coup.
Elle a toutefois reconnu que de tels délais avant d'obtenir les informations n'étaient pas monnaie courante. «Mais le projet avançait vite, a-t-elle ajouté. C'est sûr que ce genre d’analyse pouvait ne pas être priorisé par l'équipe projet parce que ça avançait rapidement.»
«Donc, ce n'était pas priorisé. Voire vu comme un irritant?», a demandé la procureure. «Peut-être», a répondu Mme Lépinay.
«Un empêcheur de tourner en rond?», a ensuite demandé Me Sarrazin. «Peut-être», a de nouveau répondu l'ancienne gestionnaire.
Rappelons que la modernisation technologique de la SAAQ, qui comprend la plateforme SAAQclic, devrait coûter au moins 1,1 milliard $, selon le Vérificateur général du Québec, soit au moins 500 millions $ de plus que le budget initial.
Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne