Le projet de huit autres éoliennes fait des sceptiques

Par Sébastien Lacroix
L’arrivée d’un promoteur privé intéressé à installer huit autres éoliennes près du site projeté du Parc éolien Pierre-De Saurel n’est-il qu’un moyen de détourner l’attention ? C’est ce que croit le Comité contre les éoliennes, qui ne voit dans ce projet qu’une façon de dilapider les fonds publics.
« C’est simplement destiné à faire passer la pilule et de donner une belle image au projet. Après, ils vont nous dire que le projet du promoteur n’a pas été accepté à la banque », estime Robert Dumont, qui ne croit pas un instant en la viabilité du projet.
Selon lui, la réalisation du Parc éolien Pierre-De Saurel, qui était évalué à 60 millions de dollars d’investissement en décembre 2010, n’est qu’une façon qu’ont trouvée les libéraux pour faire vendre les éoliennes fabriquées en Gaspésie.
« Hydro-Québec a fait miroiter de l’argent à tout le monde en s’engageant à acheter l’électricité produite. Si on n’en fait pas, ça ne leur aura rien coûté. Tandis que c’est nous qui serons pris avec des éoliennes qui ne tournent pas et des frais d’entretien récurrents. »
Difficilement justifiable
Ce projet est d’autant plus superflu qu’Hydro-Québec nage actuellement dans les surplus en électricité. Comment justifier l’achat d’énergie éolienne, alors que la société d'État procède au démantèlement de la centrale thermique de Tracy, que le gouvernement a mis fin à l’aventure nucléaire au Québec en fermant Gentilly-2 et qu’il a coupé court à plusieurs projets de minicentrales hydroélectriques, dont celui de Manouane Sipi, en Haute-Mauricie ?
« Pour que le parc éolien Pierre De-Saurel soit rentable, Hydro-Québec va acheter l’électricité à 12 cents le kilowattheure, alors qu’il le revend à 4 cents. Si c’était son argent, Thierry Vandall (le président d’Hydro-Québec), ne gérerait pas de cette façon parce qu’il ne resterait pas en affaires longtemps. »
En janvier dernier, Le Devoir rapportait que pour respecter les contrats approuvés sous l’ancien gouvernement du Parti libéral, la facture pourrait s’élever à 4,5 milliards de dollars pour acheter de l’électricité en pure perte, ce qui entraînerait des hausses tarifaires de 5 % annuellement jusqu’en 2020 afin de récupérer 500 millions par année. « En bout de ligne, c’est quand même nous qui allons payer », déplore le président du comité, Fernand Gignac.
Celui-ci multiplie les démarches depuis un an et demi au nom de son comité. Il craint par-dessus tout que la Ville de Sorel-Tracy doive assumer un peu plus de 60 % de la facture si l’aventure s’avère non rentable.
« Si ça coûte un million, nous devrons en payer 600 000 $ », a-t-il lancé durant la dernière assemblée publique du conseil municipal, où il a réclamé, en vain, que les élus passent au vote sur le sujet. « On devrait même aller en référendum. Qu'est-ce que c'est 500 000 $ sur un projet de 60 millions, en plus de l’inflation et des imprévus ? Nos comptes de taxes sont à la limite à Sorel-Tracy, et ils vont monter encore plus. Nos enfants et nos petits-enfants vont payer pour ça. »
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