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«Dr Pooja»

Santé Canada fait une mise en garde sur des pilules abortives vendues illégalement

durée 09h00
23 mai 2023
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne

Des pilules abortives et des pilules du lendemain vendues sur internet sans ordonnance préoccupent Santé Canada, qui demande à la population de ne pas acheter ces produits. La clinique du «Dr Pooja» dit vendre ces médicaments via l’application WhatsApp et les livrer.

Santé Canada a publié, le 16 mai dernier, un avis mettant en garde la population quant aux médicaments vendus en ligne sur deux sites du «Dr Pooja». Ces produits ne sont pas autorisés par l’agence gouvernementale, et leur vente est donc illégale.

En date de dimanche, il était toujours possible de consulter l’un des deux sites web qui vendent des pilules abortives et de contraception d’urgence (mieux connue sous le nom de pilule du lendemain) par le biais de WhatsApp.

Rappelons que la pilule du lendemain peut être prise dans les jours suivants une relation sexuelle non protégée pour prévenir une grossesse, et que la pilule abortive est plutôt utilisée pour interrompre une grossesse déjà amorcée.

Il est indiqué sur ce site que les pilules abortives contiennent de la mifépristone et du misoprostol, et que les pilules du lendemain incluent du lévonorgestrel.

«Vous pouvez acheter des pilules de misoprostol cytotec sans ordonnance, commandez sur notre WhatsApp», est-il écrit en anglais sur la page d’accueil du site web. La clinique du «Dr Pooja», qui prétend être localisée dans l’arrondissement de LaSalle à Montréal, se vante aussi d’offrir la livraison. 

«Les produits de santé non autorisés n'ont pas été approuvés par Santé Canada, ce qui signifie que leur innocuité, leur efficacité et leur qualité n'ont pas été évaluées et qu'ils peuvent présenter divers risques graves pour la santé. Par exemple, ils peuvent être inefficaces, périmés ou mal étiquetés, faire l'objet de rappels ou être des versions contrefaites de produits autorisés», a indiqué Santé Canada par voie de communiqué. 

«Ce n'est pas de dire que tous les sites en ligne sont dangereux. Il y a des sites web qui sont reconnus, et qui vont distribuer des médicaments qui sont acceptés, approuvés soit par le FDA américain ou Santé Canada. C’est une façon pour les femmes dans les endroits où c’est rendu illégal, comme nos voisines du sud aux États-Unis, de se procurer la pilule abortive», nuance la Dre Geneviève Roy, gynécologue-obstétricienne au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).

Elle souligne que ces sites web, où la pilule abortive est distribuée légalement, sont gérés par des professionnels de la santé qui effectuent d’abord une consultation par téléphone ou visioconférence avec la patiente.

«Ce que ça a prouvé dans le monde entier, c’est que c’est très sécuritaire de faire ça comme ça. Sauf qu’il faut se méfier des sites où ils font juste vous envoyer ça par la poste sans avoir d’entrevue, sans avoir un professionnel de la santé qui parle à la patiente de prime abord pour s’assurer que c’est sécuritaire», explique la Dre Roy.

La gynécologue dit comprendre que les femmes qui se trouvent dans des régions éloignées, où il y a moins de professionnels de la santé, peuvent être tentées d'obtenir la pilule abortive en ligne, mais qu’au Canada, «on a été quand même assez libéral par rapport à la pilule abortive, il y a beaucoup de professionnels de la santé qui sont aptes à la prescrire. Donc, je pense que même dans des régions reculées, c’est possible de se la procurer de façon sécuritaire», souligne-t-elle.

«Ça ne devrait jamais être le premier réflexe d’une femme qui désire un avortement d’aller se procurer ça en ligne, parce qu’on sait qu’il peut y avoir des gens qui profitent financièrement de ça, puis qui vont vendre des pilules qui ne sont pas nécessairement approuvées», affirme la Dre Geneviève Roy.

«Il n’y a pas de problème de rupture de stock, ou d’accès à la pilule abortive ou à la contraception orale d’urgence au Québec ou au Canada», évoque pour sa part Bertrand Bolduc, le président de l’Ordre des pharmaciens du Québec. Il précise d’ailleurs que la pilule du lendemain et la pilule abortive représentent des services remboursés aux patientes au Québec.

Santé Canada «s'efforce de faire fermer les sites web en question» du «Dr Pooja», peut-on lire dans son communiqué. L’organisme fédéral incite la population à ne pas acheter ni utiliser les produits provenant de ces sites web, et demande aux personnes qui en ont consommé de consulter un médecin.

Les personnes qui ont pris les comprimés qui contiendraient de la mifépristone et du misoprostol, selon le site web, doivent consulter un professionnel de la santé immédiatement, recommande Santé Canada.

Des sites plus connus après le renversement de Roe v. Wade

Andréanne Bissonnette, chercheure à la Chaire Raoul-Dandurand spécialisée en politique américaine, indique que les sites web fournissant des pilules abortives «sont de plus en plus connus, notamment à travers des discours et ce qui se passe aux États-Unis».

Elle réitère que des sites web gérés par un réseau de médecins, comme Aid Access, permettent à des femmes d’avoir des avortements dans les états où cette pratique est illégale, en envoyant la médication par la poste.

«C’est certain que le fait que Roe v. Wade a été renversé du côté des États-Unis et l’augmentation de la visibilité de l’avortement par médication, notamment avec ce qui se passe dans les derniers mois, sur (le fait) qu’il y aura renversement ou pas de la décision de légaliser l’avortement par médication aux États-Unis (…), ça peut avoir une incidence sur le fait que les gens cherchent cette option en ligne, mais sans nécessairement avoir les outils pour cibler les ressources qui sont sécuritaires», évoque Mme Bissonnette. 

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Cette dépêche a été rédigée avec l'aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.

Coralie Laplante, La Presse Canadienne

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