Le Québec plus rare sur les tablettes
Par Isabelle Laramée
BIBLIOTHÈQUES. Les collections de livres francophones de plusieurs bibliothèques publiques de la Montérégie comprennent seulement un tiers d'ouvrages québécois, selon des données de l’agence de presse Appui-Livres.
D'après Serge-André Guay, le fondateur d'Appui-Livres, un organisme sans but lucratif qui vise à promouvoir la littérature d'ici, les bibliothèques se détournent tranquillement de leur mission de faire découvrir la littérature d’ici.
« Depuis 20 ans, on glisse vers une gestion de la culture par la demande afin d’augmenter l’achalandage des bibliothèques. En raison la hausse du prix du livre, les gens ont commencé à louer les best-sellers. Comme il fallait attendre environ six mois avant de pouvoir mettre la main sur un exemplaire, les gestionnaires ont haussé leur nombre au détriment des livres d’ici », explique celui qui est aussi fondateur d’une maison d’édition en ligne, qui ne vend toutefois pas directement aux bibliothèques.
Pour M. Guay, les bibliothèques ont le devoir et la responsabilité d’appuyer le marché du livre québécois. Il note que si les bibliothèques achetaient plus d’ouvrages des éditeurs d’ici, la moyenne d’exemplaires vendus par titre augmenterait considérablement.
« Les librairies vendent les livres durant environ trois mois. Alors si on manque la fenêtre de vente en librairie, on doit inévitablement se retourner vers les bibliothèques. Mais ils ne sont pas plus disponibles dans les institutions. Les livres tombent alors dans l’oubli », dit-il, indiquant qu’il y a environ 4000 nouveaux titres qui sortent au Québec tous les ans.
« Avoir 28 exemplaires d’Harry Potter n’est pas une excuse pour ne pas avoir au moins un exemplaire d’un bon livre québécois. » Serge-André Guay, fondateur de l’agence de presse Appui-Livres
L’Association nationale des éditeurs de livres n’a pas voulu émettre de commentaires sur les données d’Appui-Livres.
Pire dans les petites villes
La situation s’avère encore moins reluisante pour les auteurs québécois dans les bibliothèques des municipalités de moins de 5000 habitants, d'après les chiffres récoltés par M. Guay.
En Montérégie les établissements qui sont rattachés avec le Centre régional de services de bibliothèques publiques, communément appelé Réseau Biblio, proposent en moyenne 22 % de livres québécois parmi les volumes francophones.
« Les fonds régionaux assurent le roulement des livres entre les plus petites bibliothèques. Ça veut dire que ces fonds ne possèdent pas assez de livres québécois dans leur inventaire. C’est de la faute au réseau et non aux bibliothèques elles-mêmes », mentionne Serge-André Guay, ajoutant que les bibliothèques pourraient demander à Réseau Biblio de hausser son offre.
Du côté de Réseau Biblio Montérégie, la directrice générale, Jacqueline Labelle, estime que le rôle des bibliothèques publiques n’est pas d’acheter des livres selon leur provenance, mais selon leur qualité. Elle mentionne que l’offre de livres québécois et d'ailleurs varie d’année en année.
« Quand quelqu’un a de gros budgets d’achat de livres, il lui est possible d’en acheter de plusieurs nationalités. Mais quand on n’a pas un gros budget, on tente d’acheter les livres qui seront lus », dit-elle.
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