Les aventuriers du fort perdu…
Par Marilyne Champagne
Au XVIIe siècle, Saurel était une ville fortifiée. Située stratégiquement au confluent de la rivière Richelieu et du fleuve Saint-Laurent, elle a vu deux fortifications se succéder sur son territoire sous le Régime français : les forts Richelieu (1642) et Saurel (1665).
Ce sont les vestiges de ces deux forts qui intéressent les archéologues qui creusent actuellement le sol à proximité de la rue de la Reine, dans le centre-ville de Sorel-Tracy.
Est-ce que des éléments trouvés dans le sol pourront témoigner, ou non, de la présence de telles forteresses en territoire sorelois? Pendant trois semaines, les spécialistes tenteront de découvrir la présence d'artéfacts, mais aussi des fragments d'os, de végétaux ou de tout autre élément, qui pourraient être analysés et témoigner ainsi du passé.
Pour Luc Poirier de la Société historique Pierre-de-Saurel, les débuts des travaux d'exploration représentent la fin d'un long parcours. « C'est un grand jour pour nous et l'aboutissement de trois années de travail », lance-t-il.
C'est aussi le début d'une démarche concrète de recherche, qui fait suite à une longue étude de potentiel archéologique du site. Cette première phase de prospection et d'évaluation sera décisive, puisqu'elle pourrait donner le coup d'envoi à un grand projet de mise en valeur et d'interprétation du patrimoine archéologique sorelois.
Se réapproprier son passé
Comme le fait valoir l'historien, archéologue et chef du projet de recherche, François Grondin, de la firme Arkéos, en dotant la municipalité d’un site et d’infrastructures d’interprétation, Sorel-Tracy pourrait enfin s’intégrer aux grands réseaux touristiques de sites historiques qui se développent depuis quelques années dans le corridor de la vallée de la Richelieu et du fleuve Saint-Laurent.
« Des recherches ont déjà été faites à Trois-Rivières, Montréal, Québec, mais pas ici. Pourtant, Sorel était un axe majeur du déplacement au XVIIe siècle, mais aussi depuis la préhistoire », explique-t-il. S'il est question de deux forts, l'historien avance aussi l'hypothèse de l'existence d'un seul fort, lequel aurait pu subir des agrandissements au fil des années.
Prenant place sur un dénivelé de 25 pieds et doté de palissades de 12 à 15 pieds de hauteur, ce fort aurait été visible de loin. Toutefois, il est d'avis qu'il devait s'agir d'un fort assez petit et qui aurait servi, notamment, à abriter les habitants en cas d'attaques des Iroquois. Là encore, il est toujours question d'hypothèses : « Il n'y a jamais eu de travaux effectués à Sorel. Nous n'avons pas de repères…», fait-il remarquer.
C'est ici que l'étude de la géographie des lieux revêt toute son importance. Fait intéressant, M. Grondin avance que la topographie n'a pas beaucoup changé. « La configuration du fort s'arrime avec la forme de la rive du Richelieu, qui devait être escarpée à cette époque.»
Enfin, Luc Poirier tient à préciser que la population sera tenue au courant des différentes avancées des fouilles effectuées. « Les gens sont autant intéressés par ce qu'on cherche que par ce qu'on trouve », de conclure François Grondin.
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