Le Dr Claude Gauthier reprend du service

Par Sébastien Lacroix
Radié pour une période de trois ans par le Collège des médecins du Québec, en août 2012, le docteur Claude Gauthier est sur le point de reprendre du service à Contrecoeur.
En appelant à son bureau, le Sorel-Tracy Express a pu apprendre que l’omnipraticien sera de retour à partir du 10 juin. Ce n’est que le 3 juin, que son personnel a recommencé à prendre des rendez-vous. Auparavant, ses employés s’affairaient à remettre à jour le système informatique qui gérait les dossiers de 3200 patients avant sa radiation.
Le Tribunal des professions a en effet levé temporairement la suspension du Dr Claude Gauthier décrétée par le Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec. C’est que le docteur Gauthier a porté sa cause en appel et qu’étant donné les délais administratifs, celle-ci n’avait toujours pas été entendue.
Comme les deux parties s’étaient entendues sur une sanction de neuf mois lors des audiences qui ont mené à sa radiation pour une période de trois ans, le Tribunal des professions a permis de lever temporairement la radiation le temps que l’appel soit entendu. « Nous sommes toujours en attente d’un autre jugement », rappelle la porte-parole du Collège des médecins, Leslie Labranche.
Dans son jugement le Conseil avait décidé d’imposer une sanction de trois ans parce qu’il jugeait qu’une peine de neuf mois serait trop clémente et qu’il était susceptible d’entraîner une perte de confiance du public envers la justice.
Pour qu’il puisse reprendre du service, le Tribunal des professions a émis au docteur les mêmes limitations imposées au docteur par le Collège des médecins. Il doit se trouver en présence d’une infirmière, ou à tout le moins d’une personne adulte, lors de sa pratique de la médecine. Il lui est de plus interdit de pratiquer de la psychothérapie de soutien en cabinet.
Une conduite inappropriée
Rappelons que le médecin a été relevé de ses fonctions pour avoir développé une relation intime avec une patiente qu’il suivait annuellement depuis une dizaine d’années et pour laquelle il avait entrepris une thérapie après avoir conclu à un diagnostic de dépression.
Cette relation a transgressé les limites de la relation professionnelle en permettant des familiarités telles que des échanges de confidences, des baisers sur les joues, la remise de cadeaux pour culminer par des relations sexuelles complètes lors des visites mensuelles de mars, avril et mai 2007.
Le médecin avait aussi omis de documenter son diagnostic avec les informations de base essentielles telles que les antécédents psychiatriques, la médication, la maladie actuelle, les symptômes spécifiques et l’histoire personnelle de la patiente.
Il avait également prescrit de façon intempestive et contraire aux données actuelles de la science médicale, un comprimé de BID, soit de l’Épival 125 mg, sans avoir obtenu au préalable un bilan hématologique et un bilan hépatique de base et sans qu’il n’y ait d’indication médicale à une telle ordonnance médicamenteuse.
Il a aussi plaidé coupable à un chef d’accusation à l’effet que les données enregistrées dans son ordinateur n’étaient pas adéquatement protégées et que d’autres usagers, notamment les autres membres de sa famille, pouvaient y avoir accès.
Lors de son témoignage, Claude Gauthier a admis avoir commis de graves erreurs, qu’ils regrettent, et que ses gestes ont eu des conséquences sur ses patientes.
Il disait aussi qu’il était satisfait des nouvelles mesures mises en place avec l’embauche d’une infirmière et avoir compris que la psychothérapie de soutien n’est pas pour lui.
Toujours lors des audiences qui ont mené à sa radiation, le médecin a admis avoir joué le même manège, qui a mené à des relations sexuelles, avec un total de six patientes, et ce, entre 1985 et 2007.
Faute de preuves, ces gestes n’ont toutefois pas été considérés comme étant des antécédents, même si ses agissements couvraient pratiquement toute la carrière du médecin. Sinon, sa radiation aurait fort probablement été permanente.
Précédemment à cette affaire, en novembre 2011, le Dr Claude Gauthier a aussi été reconnu coupable d’avoir conservé des images à caractère sexuel sur le disque dur de son ordinateur, dont certaines contenaient de la pornographie juvénile.
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