Commission d'enquête Gallant
De «la comptabilité créative» pour mousser SAAQclic, selon un ex-vérificateur interne

Par La Presse Canadienne
Les responsables du projet SAAQclic avaient des «cibles ambitieuses» et ont usé de «comptabilité créative» pour mousser la rentabilité de la plateforme, selon l'ancien directeur de la vérification interne de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ).
Le comptable à la retraite Daniel Pelletier a entamé lundi matin son témoignage à la commission Gallant, qui tente de faire la lumière sur les ratés du virage numérique de la société d'État.
M. Pelletier a dirigé de 2016 à 2024 le département des auditeurs internes de la SAAQ. Il s'est souvenu que son équipe avait «accroché sur certains éléments» concernant les projections des bénéfices que pourrait générer la plateforme SAAQclic, à la suite de la conclusion du contrat en 2017.
L'équipe du projet présentait notamment un chiffre de 175 millions $ reposant essentiellement sur des prévisions budgétaires qui n'avaient jamais eu lieu dans le passé.
«On n'était pas d'accord avec eux, a indiqué M. Pelletier. On trouvait, pour reprendre notre expression, que c'était de la comptabilité créative un peu.» Une firme externe est venue, plus tard, leur donner raison sur ces prétentions, a souligné l'ancien directeur.
À cette époque et les années suivantes, M. Pelletier et son équipe ont aussi souvent exprimé des réserves quant à l'échéancier et les coûts du projet, parlant de «cibles ambitieuses».
Avant son arrivée en poste, sa prédécesseure mettait en garde le conseil d'administration des risques sur la solution que la SAAQ a choisie pour moderniser ses systèmes informatiques, soit un progiciel (PGI), selon un document présenté à la commission.
La direction de la vérification interne et de l'évaluation des programmes se basait notamment sur une étude d'une firme-conseil spécialisée en PGI. Celle-ci démontrait que «les dépassements de coûts et les délais sont très fréquents (...) et que les bénéfices attendus ne sont pas toujours au rendez-vous».
Rappelons que, selon le rapport du vérificateur général, le projet de modernisation technologique de la SAAQ, connu aussi sous le nom de CASA, pourrait coûter minimalement plus de 1,1 milliard $ d'ici 2027, soit 500 millions $ de plus que prévu.
M. Pelletier a aussi fait part, au cours de son témoignage, de difficultés rencontrées dès 2017 par les vérificateurs internes pour obtenir des informations «au bon moment» afin d'exercer leur travail de surveillance du projet.
Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne
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