Idle No More : 80 manifestants à Odanak

Par Audrey Leblanc
Le mouvement de contestation Idle No More s’est emparé de la réserve indienne abénaquise d’Odanak, le samedi après-midi 12 janvier. Quelque 80 personnes étaient réunies en bordure de la route 132 pour défendre les droits des Premières Nations.
« Les gens attendaient avec impatience qu’il y ait un mouvement Idle No More à Odanak, affirme Suzie O’Bomsawin, l’une des instigatrices du projet. La population est réceptive à notre message. On a même reçu l’appui de personnes qui ne sont pas de la communauté. C’est très motivant pour nous. »
Par l’entremise de cette manifestation pacifique, le Comité jeunesse d’Odanak avait pour objectif d’informer et de sensibiliser la population au conflit qui oppose le gouvernement fédéral aux communautés autochtones. La très controversée loi C-45 s’est inévitablement retrouvée au cœur des discussions. Des feuillets explicatifs du mouvement Idle No More ont aussi été distribués aux automobilistes qui ont traversé ce tronçon de la route, le tout sans interrompre la circulation.
Tout juste avant de donner le coup d’envoi à la manifestation, les citoyens étaient invités à prendre part à une assemblée publique visant à les informer sur le mouvement Idle No More, de même que sur la loi C-45. Ce rassemblement était cependant interdit aux représentants des médias afin que les citoyens puissent poser leurs questions et exprimer leur pensée en toute aisance.
Colère et sentiment d’injustice
Chants amérindiens, percussions et pancartes étaient de la partie. Ensemble, parents et amis se tenaient debout, affichant fièrement leurs différences. Mais malgré cette ambiance festive, on pouvait facilement ressentir la colère et le sentiment d’injustice qui animaient les membres de la communauté abénaquise.
« Aujourd’hui, on a décidé de se tenir debout, a lancé le chef de la réserve d’Odanak, Rick O’Bomsawin. La loi a été adoptée sans même qu’on nous ait consultés. On nous a dit qu’on nous consulterait s’il devait y avoir des changements majeurs et on ne l’a pas fait. On en a assez ! Les Premières Nations devraient avoir leur propre gouvernement et ainsi négocier de gouvernement à gouvernement avec M. Harper. »
Pour sa part, Lise Bibeau est épuisée de devoir constamment se porter à la défense des droits qu’ont acquis ses ancêtres. « C’est ridicule de passer son temps à se justifier et à se battre pour des choses auxquelles on est devrait avoir droit. Ça fait trop longtemps que ça dure, il faut que ça cesse. »
À ses côtés, le chef de la communauté abénaquise de Wôlinak, Denis Landry, est choqué de l’attitude du gouvernement fédéral qu’il qualifie d’irresponsable. « Le gouvernement n’est pas du tout réceptif, s’indigne-t-il. Harper est en train de changer les lois pour ne pas faire face aux Premières Nations et régler tout ce qui doit être réglé avec elles depuis la Commission royale sur les peuples autochtones. On est plus que tannés de ne pas se faire respecter et je crois que le gouvernement a tout intérêt à nous écouter parce qu’on ne laissera pas tomber, on va mener cette bataille-là jusqu’au bout.»
Rappelons que le mouvement Idle No More a été lancé le 10 décembre dernier pour dénoncer la nouvelle loi C-45 adoptée par le gouvernement canadien. Cette dernière modifie notamment la loi sur les Indiens et celle sur la protection des eaux navigables.
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