Les sous noirs : de l'or pour les organismes communautaires ?

Par Sébastien Lacroix
« C’est avec des cents qu’on fait des piastres », entend-on souvent dire. Avec la mort annoncée des sous noirs, le lundi 4 février, alors que la Monnaie royale canadienne a arrêté d’en produire et que les commerçants sont maintenant obligés d’arrondir les prix, cette expression est en voie de disparition…
Pourtant, elle n’a jamais été aussi vraie qu’en ce moment pour quelques organismes communautaires de la région, qui espèrent que les gens vont penser à eux quand viendra le temps de s’en départir.
« Je les veux tous, lance la directrice générale du Centre d’action bénévole (CAB) du Bas-Richelieu, France Charron, qui a lancé une campagne de collecte de sous noirs avant les Fêtes. On espère que les gens vont gratter leur fond de tiroir et venir nous les porter. »
Cette collecte de fonds se poursuivra toute l’année, en collaboration avec des commerces et des entreprises, où des boîtes ont été placées pour récolter les sous et les rouleaux de pièces d’une cent.
En mars, une collecte se fera durant un match du HC Carvena au colisée Cardin. À ce moment-là, le CAB du Bas-Richelieu sera en mesure de dresser un premier bilan de sa campagne.
Avec l’argent amassé, l’organisme souhaite maintenir et améliorer les services offerts à la communauté, notamment en ce qui concerne l’aide alimentaire et les déjeuners dans les écoles.
Le CAB de Contrecoeur a lui aussi emboîté le pas, le 4 février, alors qu’on annonçait la « fin » des sous noirs. Avec les fonds amassés, l’organisme compte acheter des produits pour la cinquantaine de familles qui vont y chercher un dépannage alimentaire chaque semaine.
« Plusieurs croient que les sous noirs n’ont plus de valeur, ce qui est faux. Alors on leur dit, au lieu de les jeter, venez nous les porter, raconte la responsable, Rose-Marie Raskin. On ne sait pas ce que ça va donner, mais on va les prendre un sou à la fois. Ce que l’on prendra d’une main, on le redonnera de l’autre. »
Selon des commentaires recueillis sur la page Facebook du Sorel-Tracy Express.ca, l'Association de la fibromyalgie du Bas-Richelieu et les Cadets de Sorel-Tracy s’intéressent eux aussi aux sous noirs pour amasser des fonds.
Moins d’argent pour les paroisses ?
La disparition des sous noirs signifiera-t-elle un manque à gagner pour les paroisses qui tirent une partie de leur financement de la quête effectuée lors de la messe du dimanche ? Pas vraiment.
À la paroisse Saint-Pierre, on estime que l’apport du sou noir est négligeable. « On ne roule pratiquement plus de sous noirs. Tout au plus, ça nous donne un rouleau de 50 cents par semaine, indique la responsable, Marie-Josée Deschênes. Ce n’est pas ça qui fera une différence. »
La paroisse est évidemment preneur si les fidèles veulent donner leurs sous noirs au presbytère, continue-t-elle. « On ne sait pas, peut-être qu’il y aura un engouement et que les gens vont s’en débarrasser de cette façon. Ce serait quand même étonnant que les personnes âgées les traînent à la messe, parce que c’est tout de même assez lourd à transporter. »
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