Pour une personne handicapée, faire l'épicerie, aller au restaurant et même traverser la rue peut devenir une source d'inquiétude quotidienne. C'est que l'accessibilité et l'environnement des plusieurs commerces et établissements de la région sont pénibles pour elles, voire impossible.

Le territoire du CSSS Pierre-de Saurel compte 1488 personnes présentant un handicap physique et 1189 avec une déficience intellectuelle, sans compter le nombre grandissant de personnes vieillissantes et en perte d'autonomie. Pourtant, de petits gestes peuvent faire toute la différence dans la vie de ces personnes.

Comme le fait valoir Julie Trudeau, de l'Association de la déficience intellectuelle de Sorel-Tracy, « l'accessibilité universelle, ce sont beaucoup de petits détails qui peuvent grandement faciliter la vie des personnes handicapées physiquement, visuellement ou intellectuellement, mais qui n'enlèvent rien au reste de la population. Ça peut même aider les jeunes familles, les personnes âgées, blessées ou en surplus de poids. »

Patrice Desilets, de la Maison de répit Halte-Soleil, pointe aussi les allées encombrées des épiceries, pharmacies et commerces, où il peut devenir impossible de circuler avec un fauteuil roulant. Isabelle Chartran, de l'Association des personnes handicapées de Sorel-Tracy (APHST) poursuit en soulignant que « remplir son panier d'épicerie quand tu te déplaces avec une canne, ce n'est pas évident! ».

À cet effet, elle salue l'initiative du Walmart, qui propose à ses clients des quadriporteurs adaptés, avec un grand panier, à l'entrée du magasin, qui facilite les déplacements. Le Super C de Sorel-Tracy devrait lui aussi emboîter le pas. Utilisatrice de ce quadriporteur, Carole Martineau est d'avis que cela lui permet de pouvoir enfin faire ses courses « comme tout le monde ».

Mme Trudeau donne aussi, à titre d'exemple, le fait d'ajouter une barre de soutien dans les toilettes publiques, qui « ne coûtent pratiquement rien », ou l'utilisation de panneaux clairs dans les établissements.

« Certains vont utiliser des polices d'écriture très stylisée sur les panneaux, tandis que d'autres vont mettre de beaux ''bonshommes'', des peintures ou des animaux pour différencier les toilettes des femmes de celles des hommes. Mais cela a pour effet de mélanger la personne qui a une déficience intellectuelle ou visuelle. Moi, ça ne m'apporte rien, des toilettes stylisées. Mais un panneau clair et bien lisible, avec le symbole blanc sur fond bleu, peut faire la différence dans la vie de ces personnes. »

Nouvelles constructions : vigilance

De son côté, Michel Chaurette, président de l'APHST, estime qu'il faut miser sur les nouveaux commerces et sensibiliser les entrepreneurs à faire appel à l'expertise de l'association. « On est là pour voir ce qui pourrait être amélioré et donner de l'information. »

Julie Trudeau abonde dans le même sens. « On comprend que les anciens bâtiments ont leurs limites et que de refaire une salle de bain adaptée est parfois impossible et couteux. Mais pour les nouvelles constructions, on voudrait que ça devienne un réflexe. »

Selon Patrice Désilets, il faudrait que la Régie du bâtiment du Québec possède une loi d'accessibilité universelle obligeant les nouvelles constructions à s'y conformer.

De fait, aucune loi oblige les entrepreneurs privés et commerçants à construire des salles de bain adaptées, ni à installer des seuils de portes adaptés aux fauteuils roulants, des portes électriques ou des rampes d'accès.  

Loi municipale

Bonne nouvelle toutefois, cette loi existe au sein des municipalités. En juillet 2007, la Ville de Sorel-Tracy adoptait un premier plan d’action visant l’intégration des personnes handicapées, mais ce n'est qu'en 2009 que le conseil municipal mettait en place un comité afin d’assurer le suivi de ce plan d’action.

Joël Laroche, de la Ville de Sorel-Tracy, est d'avis que l'accessibilité universelle est un travail « de longue haleine et avant tout de sensibilisation ». Par exemple, il explique que des signaux sonores devraient être ainsi intégrés aux nouveaux feux de circulation à l'intersection de la rue Victoria et du boulevard Fiset.

Le bateau-pavé qui donnait accès au Biophare a aussi été modifié dernièrement afin de permettre un accès plus direct au bâtiment, tout comme les espaces de stationnement réservés qui répondent désormais aux normes. Le Centre culturel de Sorel-Tracy a aussi été réaménagé de manière à le rendre accessible à tous.

M. Laroche admet toutefois que la cour municipale de Sorel-Tracy n'est pas accessible aux personnes à mobilité réduite. « Cela veut dire que ça n'a pas été un réflexe lorsqu'on a déménagé la cour dans cette bâtisse. Pour l'instant, on est à penser à une mesure temporaire ou alternative, comme un local qui pourrait être accessible sur demande. »

Enfin, il invite la population à lui faire connaître les bâtiments ou améliorations qui pourraient être apportées au sein de la Ville.