Des repas adaptés au centre de détention de Sorel-Tracy

Par Marie-Ève Bouffard
Pendant que le débat entourant la charte de la laïcité et le port de signes religieux ostentatoires par les employés de l’État continue de faire rage, TC Media a appris que les détenus des prisons du Québec ont droit à des diètes particulières pour motifs religieux, notamment à Sorel-Tracy.
Selon le ministère de la Sécurité publique, ces « diètes religieuses » font partie du quotidien dans les 18 établissements de détention de la province depuis la fin des années 1990.
Au centre de détention de Sorel-Tracy, près de 106 000 repas ont été servis en 2012-2013 aux personnes incarcérées, dont dix repas pour des motifs religieux. Il a toutefois été impossible de savoir si ces dix repas ont tous été destinés à la même personne ou encore à des personnes différentes.
« Pour obtenir une diète adaptée, la personne incarcérée doit présenter une demande en la justifiant. Le bien-fondé de chaque demande est analysé. On ne répond pas oui à toutes les demandes automatiquement », explique Clément Falardeau, relationniste pour le ministère de la Sécurité publique.
Chaque année, environ cinq millions de repas sont servis dans les pénitenciers de juridiction provinciale. Du nombre, 1 %, soit 50 000, sont adaptés pour répondre aux croyances et coutumes de détenus.
« Un pour cent de tous les repas servis, si on les compte un à un, ça peut paraître beaucoup. Mais sur la population carcérale en générale, c’est très peu », souligne M. Falardeau.
En 2012-2013, 42 720 personnes ont été admises dans les prisons du Québec. « Dans les établissements québécois, les peines sont d'au plus deux ans moins un jour. Certains détenus passent donc seulement quelques jours en prison », explique M. Falardeau.
50 000 repas adaptés
Ainsi, sur les 50 000 repas adaptés aux croyances religieuses, seulement dix ont été servis à Sorel-Tracy. Un chiffre que M. Falardeau s'explique très bien. « Les diètes religieuses se retrouvent surtout dans la région de Montréal, car c'est là qu'il y a une plus grande diversité ethnique », précise-t-il.
Au moment de l’entrevue, TC Media n’a pu savoir si des coûts additionnels étaient liés à ces diètes religieuses dans lesquelles se retrouve notamment de la viande halal.
« Est-ce que ça change beaucoup les coûts? Il faudrait voir, indique le relationniste. Mais une diète religieuse ne veut pas dire que chaque repas est différent des autres. Ça dépend toujours de ce qui est servi. »
Des diètes pour motifs médicaux
Des diètes adaptées, par exemple sans sucre, sans gras ou sans sel, sont également offertes pour des motifs médicaux, que ce soit le diabète, une allergie, des maladies coronariennes. Des repas végétariens sont aussi offerts.
Pour obtenir une diète adaptée, la personne incarcérée doit présenter une demande, qui sera ensuite analysée, comme c'est le cas des diètes à motif religieux.
Une obligation
Depuis le début des années 2000, les directeurs de pénitencier se doivent d’étudier chacune des demandes qui se retrouvent sur leur bureau, la loi sur le système correctionnel du Québec les en obligeant.
« Il faut comprendre que le devoir de garde, qui est prévu dans cette loi, implique nécessairement que le directeur de l’établissement de détention offre à chaque personne incarcérée le nécessaire à la vie. Ça comprend notamment les soins de santé et la nourriture. Et en vertu de la Charte des droits et libertés de la personne, les établissements de détention ont le devoir de nourrir les gens incarcérés en tenant compte de leur liberté de religion », fait savoir M. Falardeau.
Rappelons que le centre de détention de Sorel-Tracy peut accueillir 89 personnes.
Avec la collaboration de Michel Moyneur
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