Sorel-Tracy boudée par les immigrants

Par Marie-Ève Bouffard
Alors que les jeunes quittent Sorel-Tracy et que la population vieillit, la main d'œuvre se fait de plus en plus rare. Pour pallier cette situation, la Ville doit faire appel à des immigrants, qui sont encore bien peu nombreux à s'installer dans la région.
Selon l'Enquête nationale sur les ménages (ENM) de 2011, sur les 49 670 personnes vivant dans la MRC de Pierre-De Saurel, seulement 810 personnes sont des immigrants.
« Entre 2002 et 2011, seulement 209 nouveaux arrivants ont choisi la MRC de Pierre-De Saurel, lance le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin. Lorsqu'on se compare, on remarque que nous sommes parmi les plus faibles. »
Il ajoute que la première raison qui justifie la décision des immigrants à s'installer ici est le travail. « Soixante-quinze pour cent des nouveaux arrivants sont des immigrants économiques. On leur promet des jobs, mais on ne les offre pas », mentionne M. Péloquin.
Selon lui, cela pourrait s'expliquer par un problème de discrimination. Un problème lourd qui demande à être réglé. « Il faut accentuer la lutte contre les formes de peur que les employeurs ont, dit-il. On pourrait mettre en place une politique d'embauche dans la fonction publique ou une politique d'intégration basée sur l'égalité. »
« Il ne faut jamais arrêter de se pencher sur la question du vieillissement de nos personnes d'origine. On vit un vieillissement accéléré. La porte de sortie est de faire venir des immigrants économiques et de continuer des regroupements familiaux », ajoute M. Péloquin.
Pour y parvenir, le maire croit qu'il faut démontrer une ouverture, permettre à tous et chacun de trouver sa place et de participer à la construction de Sorel-Tracy, adopter une démarche inclusive, valoriser et décloisonner les immigrants.
« Immigrer, c'est repartir à zéro, lance Nassim Keraouche, chargé de projet du programme Accès-Région Transit, offert par L'Orienthèque de Sorel-Tracy. Les immigrants vivent souvent de l'isolement. C'est une réalité qui n'est pas facile et ce qu'on veut, c'est briser cet isolement. »
Il met l'accent sur l'importance de sensibiliser la population à la question de l'immigration. « Il faut que les gens comprennent que les nouveaux arrivants sont désireux de faire partie de leur communauté d'accueil », précise-t-il, ajoutant qu'une intégration réussie passe par une ouverture de la part de la société et de l'immigrant.
Le chargé de projet ajoute avoir besoin du soutien de toute la région. « La question doit être prise au sérieux par tout le monde, fait remarquer M. Keraouche. L'immigration est un outil de développement régional et économique et la prise de conscience de cette réalité est importante. »
Selon Mélanie Hébert, conseillère en emploi du programme Accès-Région, l'accessibilité aux cours de francisation dans la région laisse à désirer. « Cela pose un vrai problème, car il n'y a pas de cours de soir, souligne-t-elle. C'est beau de faire venir les gens ici, mais il faut les aider. C'est la langue qui facilite l'intégration. »
Un service personnalisé
L'Orienthèque est offre notamment un service d'accueil aux nouveaux arrivants. Depuis sa création en 2010,le programme Accès-Région de l'organisme a aidé plus de 500 immigrants.
« Ici, on accueille les immigrants, on travaille à ce qu'ils soient intégrés, on répond à leurs demandes et on leur offre un service personnalisé », assure M. Keraouche.
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