Quand jouer devient un besoin

Par Marie-Ève Bouffard
Si pour certaines personnes le jeu demeure un jeu, pour d'autres, il arrive qu'il se transforme en véritable bourreau.
« Quand ça devient quelque chose qui est numéro un dans la vie de quelqu'un et que la personne ne regarde plus les impacts secondaires, qu'elle commence à mentir, là on parle de dépendance », explique Guy Dufresne, directeur général au Centre de réadaptation en dépendance (CRD) Le Virage.
Il ne s'agit pas de quelque chose de scientifique et de mesurable, selon lui. « On parle de jeu compulsif quand ça commence à démolir la vie, que ça joue sur les relations et sur l'environnement. »
Caroline Tremblay, intervenante à La Maison la Margelle reconnaît elle aussi que le jeu compulsif est une problématique. « La chute se fait vite, ça coûte cher, mentionne-t-elle. Le plus souvent ce sont les problèmes avec les machines dans les bars ou la loterie. »
La venue d'un salon de poker ou simplement un meilleur accès au jeu sur Internet est une préoccupation pour ces organismes.
« Les études semblent indiquer que plus l'accès au jeu est facile, plus cela vient renforcer la personne qui a déjà une propension au jeu, fait savoir M. Dufresne. Plus il va y avoir de lieux de jeu, plus on le rend facile d'accès, plus on accroît le danger en tant que tel. »
Un avis que Caroline Tremblay partage. L’intervenante souligne que « pour les gens vulnérables, l'ouverture d'un salon de poker est une porte de plus pour accéder au jeu ».
Un profil type?
Selon Guy Dufresne, il n'y a pas de profil type du joueur compulsif. « C'est très variable, tant en ce qui concerne l'âge, le milieu socio-économique ou encore le sexe, précise-t-il. La motivation première est multifactorielle. Elle peut dépendre du contexte psycho-social, biologique ou génétique, par exemple. »
Le jeu en chiffre
- Le CRD Le Virage, qui offre des services gratuits à travers la Montérégie, a un point de service à Sorel-Tracy.
- En 2013-14, le CRD Le Virage a reçu dans l'ensemble de ses points de service 325 personnes ayant des problématiques de jeu, dont 19 à Sorel-Tracy.
- La Maison la Margelle, située à Sorel-Tracy, est la seule ressource en Montérégie qui offre de l'aide à l'interne en ce qui concerne le jeu. Les thérapies durent trois semaines.
- Lors de chacune des thérapies offertes à La Maison la Margelle, sur les 18 personnes présentes, de deux à quatre sont là en raison de leur problème de jeu.
- Les joueurs virtuels sont 3 à 4 fois plus à risque d'être des joueurs compulsifs que ceux qui jouent en réel, et ce, en raison de la facilité d'accès du jeu électronique.
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