Un retour aux sources pour Robert Charlebois

Par Sébastien Lacroix
Robert Charlebois sera en terrain connu le 13 juillet, alors qu’il assurera le spectacle de clôture du Festival de la gibelotte.
Près d’un demi-siècle plus tard, celui de qui on dit qu’il a révolutionné la musique au Québec sera de retour où il a fait ses premiers pas dans la chanson au début des années 1960. « C’est à Sorel que j’ai commencé. Mes premiers shows je les ai faits à La Palette avec Jean-Guy Moreau. Pour ceux qui s’en souviennent, c’est un endroit où il y avait de la peinture et de la chanson », raconte le géant de la chanson québécoise, qui a passé quelques étés chez un oncle qui possédait un terrain dans les îles de Sorel.
Par la suite, la carrière de Robert Charlebois a rapidement décollé. Il a fait la première partie des spectacles de Félix Leclerc dès 1962 avant d’enregistrer un premier album en 1965.
Quelques années plus tard, en 1968, il participe à L'Osstidcho, un spectacle révolutionnaire pour l’époque, et que plusieurs considèrent comme un moment marquant au point d'avoir changé à jamais la face culturelle du Québec.
Il entrera ensuite en pleine période psychédélique avec Lindberg et connaîtra un immense succès au cours des années 1970 avec des chansons qui demeurent dans la culture populaire, comme Les ailes d’un ange, Ent’2 joints, Ordinaire, nommez-les!
De 1970 jusqu’à 1994, Robert Charlebois a fait de nombreux succès. « Durant cette période, j’ai percé le top 10 à 68 reprises, indique-t-il. Ce sont surtout ces chansons-là que je vais interpréter à Sorel. Je ferai un survol de mes meilleurs succès en carrière. »
Robert Charlebois, à qui on attribue notamment d’avoir introduit l’ironie dans la chanson québécoise, a déjà déclaré qu’il faisait de la musique pour « changer le monde » durant sa jeunesse. « En fait, on voulait changer la musique, se souvient-il. On a réussi, parce que plusieurs disent que la chanson ne serait pas ce qu’elle est si Charlebois ne l’avait pas fait comme il l'a fait. Mais ça… Je laisse à l’histoire le soin de juger. »
50 ans de carrièreCinquante ans de carrière et 32 albums plus tard, Robert Charlebois n’est pas prêt de s’arrêter, lui qui vient d'avoir 69 ans. « Dans ma tête, on est vieux qu’à partir de 85 ans. C’est certain qu’on est tributaire de notre énergie et de notre santé, mais je vais continuer aussi longtemps que je le pourrai. Pour moi, tout ce qui passe, je le prends comme de la sauce de plus », image-t-il.
Il travaille actuellement sur un prochain album, dont la sortie est prévue pour 2015, soit 50 ans après avoir enregistré son premier « disque vinyle ».
« Comme sur chaque album, il y aura une grande chanson. J’aimerais aussi revenir à un style plus funk et jouer un peu avec les synthétiseurs, parce que j’aime bien bidouiller des sons », laisse-t-il entendre.
Depuis quelques années, Robert Charlebois ne perce plus tellement à la radio. « Comme je suis indépendant de fortune depuis que je me suis lancé dans la bière, je ne pense plus à l’aspect commercial. Je le fais que pour la beauté de la musique », dit-il.
Il est tout de même déçu de ce qu’est devenue la radio. « On a peur que les gens changent de postes après seulement huit mesures, déplore-t-il. Ça manque de personnalité. Ce sont des ordinateurs qui décident de ce qui passe. Peut-être que nous devrions aussi remplacer nos politiciens par des ordinateurs! »
Indépendant tristeRobert Charlebois est revenu sur l’album Le meilleur du pire de Charlebois qu’il a lancé il y a quelques années et sur lequel figure pourtant quelques-uns de ses grands succès.
« Ce sont toutes des chansons qui ont de gros défauts dans leur conception. Les gens ne le voient pas nécessairement, mais comme c’est moi qui les ai écrites et composées, je suis plus critique. C’est un peu comme un chandail avec une manche plus longue que l’autre », illustre-t-il.
À quelques jours de la fête nationale, il est revenu sur la présence de sa chanson L’indépendantriste parmi ses « pires succès » en carrière. « J’avais voulu faire de l’humour en comparant l’indépendance à un couple, mais ça n’avait pas été bien reçu à l’époque. Même la Société Saint-Jean-Baptiste avait fait une sortie comme quoi la souveraineté d’un peuple, c’est sérieux, et qu’on ne doit pas faire de farces avec ça, se souvient-il. J’ai pour mon dire que c’est comme la religion, si on ne peut pas en rire : c’est qu’on ne la mérite pas… »
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.